Lâcher la proie pour l’ombre
Paru dans La Lettre des Juristes d’Affaires, N°1330/1331 du 18/12/2017
Par Laurent Bouchet, associé, Equiteam
Le débat entre chasseurs et consultants en recrutement peut être utile, (en droit, on aime bien prendre les choses au pied de la lettre), ou dépassé. Mais au-delà des mots, il y a le fond qui recouvre deux approches professionnelles distinctes se traduisant par des prestations et des honoraires différents. Ce qui prime est la qualité du service rendu.
Selon l’APEC, le marché des cadres devrait progresser de 10 % cette année. Les juristes y occupent une place aussi particulière qu’exigeante en termes de recrutement. Selon la dernière étude publiée par la LJA (voir numéro 1327), le nombre de demandes n’a jamais été aussi grand.
Entre leur nécessaire rôle de business partner et la prolifération de réglementations contraignantes, que ce soit en matière de lutte anticorruption et de transparence ou de protection des données personnelles, les directions juridiques doivent anticiper et sont associées en amont à tous les projets d’ampleur. L’attention portée au recrutement d’un directeur juridique doit être à la hauteur des responsabilités qu’il endossera.
Les réseaux sociaux ont facilité l’identification des profils devenus plus visibles. Cependant, ce n’est pas parce qu’ils se montrent, qu’ils sont prêts à répondre aux nombreuses sollicitations, vécues parfois comme agressives, dont ils font part. Recruter ou être recruté comporte une part de risque. Les candidats ne s’y trompent pas.
Comparant davantage les propositions qui leur sont faites, ce sont eux aussi qui font le marché… Il va donc falloir les séduire ! La meilleure façon de le faire restera le contrat de confiance direct entre un candidat et un chasseur qui connait et sait parler de son client.
Comprendre le Tout pour saisir le « Un »
Participer à des colloques thématiques, publier régulièrement de l’information utile, recenser les évolutions de carrière des hommes et des femmes de l’art, sont des investissements nécessaires pour connaitre son marché, flairer les tendances et les mutations à venir.
Les clients demandent qualité et rapidité. Pour répondre à ce défi, tout ce qui a été fait en amont par le chasseur prendra son sens pour identifier les bons candidats potentiels, sélectionner les meilleurs et convaincre celui ou celle qui est fait(e) pour le poste. Voire, sélectionner ce candidat, plus atypique, qui ne figurait pas en haut du tableau, mais dont le chasseur connaissait les motivations et le timing idéal. A l’instantanéité des liaisons numériques avec les candidats et des réponses en rafale au client, le chasseur privilégie la relation de confiance. Il déplace la valeur-ajoutée de son métier vers la personnalisation de la démarche et sa confidentialité. Au fil de ses échanges, les relations qu’il a tissées en amont lui permettront d’aider le futur collaborateur à franchir le pas et le client à faire le meilleur choix.
«Se laisser distraire de son objectif, de ses intérêts, abandonner un avantage réel pour un profit illusoire».
Les entreprises ont pour objectif de recruter les meilleurs et le chasseur doit se donner les moyens de faire son métier en profondeur et sur le long terme, tout en préservant les intérêts de son client, sans être contraint par un résultat forcé ni par une course de rapidité.
L’exclusivité et la pratique des « retainers » valorisent l’investissement, l’expérience et la dimension conseil du prestataire et concrétisent l’engagement commun du client et du recruteur vers la réussite de la mission.