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BCTG, « ensemble, c’est tout »

Par Laurence Garnerie

Cet article a été publié dans LJA - Le Magazine n° 42, mai/Juin 2016

En 2010, le cabinet français BCTG a brusquement vu disparaître deux de ses principaux avocats. Une épreuve difficile qui a rapproché les jeunes associés restés aux manettes. Lesquels ont su rebondir pour assurer la pérennité du cabinet.

C’est l’histoire d’un cabinet qui a vécu plusieurs vies et dont le renouvellement générationnel s’est fait de la manière la plus brutale qui soit. Si, pour certains, BCTG a tout d’un revenant, le but de ses onze associés n’est pas de hanter les vivants avec le souvenir des disparus, mais bien de tourner leur regard vers l’avenir.

Accent international


À l’origine de ce cabinet généraliste de droit des affaires : Denis Debost



Sa première vie, BCTG l’a vécue sans ses initiales actuelles. À l’origine de ce cabinet généraliste de droit des affaires : Denis Debost. En 1970, après plusieurs années aux États-Unis, cet avocat franco-américain s’associe avec Jacques Borel pour créer à Paris Debost et Borel. Dans ses cartons, une clientèle composée de filiales françaises de groupes américains qui donne immédiatement un accent international à la structure. Un positionnement, à l’époque, pas si courant pour un cabinet hissant pavillon français. Au début des années 1970, rejoint par Dominique Falque, Marie-Pierre Carpentier puis Marc Barbé, la structure devient Debost Falque Carpentier Barbé. Son identité internationale se confirme. Envoyé à la City chez Stephensen Harwood pendant 18 mois, Marc Barbé revient avec, dans ses valises, des clients de renom comme Cadbury et Nike qui resteront fidèles à la structure. Dans le même esprit, Jean-Philippe Thibault, qui a rejoint le cabinet en tant que stagiaire en 1981, est envoyé au King’s College de Londres, une fois admis au barreau. Une formation complémentaire à laquelle succède un long stage chez Simmons & Simmons outre-Manche. En 1988, c’est Karl Groener, fils d’un diplomate allemand et d’une mère espagnole, ayant vécu au Brésil et multilingue, qui rejoint le cabinet et lui ouvre les portes de l’Amérique du Sud.

À l’époque, Debost Falque Carpentier Barbé est installé au 48, avenue Victor-Hugo, dans le XVIIe arrondissement de Paris, dans le même immeuble que le cabinet Rambaud Martel. Il se développe, recrute et affirme sa présence sur le marché parisien. « À l’époque, dans les années 1980, nous travaillions sans les moyens actuels, dans des ambiances de closing à 7 heures du matin après des nuits de travail, cultivant le côté artisan, amateur de la belle ouvrage », se souvient Jean-Philippe Thibault. En 1989, le cabinet est contraint de quitter l’avenue Victor-Hugo et emménage au 14, avenue Gourgaud. Denis Debost n’accompagne pas le changement de locaux et part créer Debost & Thill. Les années qui suivront seront celles des fréquentes variations de dénomination, au gré des allers et venues des associés : Falque Carpentier Barbé & Associés, Falque Carpentier Barbé Boucly Thibault Lecomte, puis Barbé Carpentier Thibault Groener en 1997, raison sociale dont la structure porte aujourd’hui les initiales.

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©Benjamin Boccas

Promotions maison
BCTG entame alors une nouvelle étape dans son développement et promeut au rang d’associés toute une génération d’avocats ayant grandi entre ses murs. En 1999, sont ainsi cooptés Sabine de Paillerets-Matignon en droit social, Catherine Dupuy-Burin des Roziers et Philippe Lebrut en contentieux & arbitrage. De 2003 à 2007, c’est au tour de Séverin Kullman, Nuno de Ayala Boaventura et Clément Sabatier en corporate, Diane Mouratoglou en énergie et Gaëlle Bloret-Pucci en propriété intellectuelle. Tous ont en commun d’avoir fait une partie de leurs études ou d’avoir connu une expérience à l’étranger. Car, entretemps, BCTG a poursuivi son ancrage à l’international, notamment au Japon, pays pour lequel Marc Barbé, véritable figure tutélaire du cabinet, s’est pris de passion. « C’était un confrère enthousiaste, généreux et extrêmement brillant, dont le caractère vif se retrouvait dans le cabinet », témoigne Jean-Philippe Thibault. Interviewé en février 2010 (LJA n° 968), Marc Barbé se disait alors fier du résultat obtenu : « Il y a eu des rumeurs comme quoi le cabinet sans moi n’était rien. C’est faux. Le cabinet est prospère, et si je partais demain, cela continuerait ainsi. »

Annus horribilis
Triste prémonition ? Quelques semaines après l’entretien, Marc Barbé décède d’un infarctus. Le cabinet sombre dans la tragédie. En octobre de la même année, Karl Groener est à son tour emporté par la maladie. Quelques mois plus tôt, Marie-Pierre Carpentier avait annoncé son départ à la retraite. Pour Jean-Philippe Thibault, qui perd non seulement des associés mais également l’un de ses amis les plus chers en la personne de Marc Barbé, le coup est trop dur. « Je vivais avec des fantômes dans les murs des bureaux de l’avenue Gourgaud, se remémore-t-il. J’ai pensé qu’il valait mieux que je parte, pour moi et pour la jeune génération d’associés qui entendait rester. » En octobre 2011, il rejoint donc Altana, fondé deux ans plus tôt par des anciens de Rambaud Martel. Des confrères qu’il côtoyait au temps de l’avenue Victor-Hugo quand, jeunes collaborateurs, ils se retrouvaient au bar voisin pour déjeuner, et partager leurs espoirs et leurs angoisses. Si en quittant BCTG, Jean-Philippe Thibault tourne une page personnelle et professionnelle, il sait néanmoins qu’il ne laisse pas la structure totalement démunie : « Le cabinet pouvait continuer à se développer sans ses fondateurs, car il disposait d’un socle solide. Il appartenait aux jeunes associés d’agir ensemble. »

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©Benjamin Boccas

Affectio societatis

Se serrer les coudes, c’est justement ce que décident les huit associés restants alors que le marché bruisse de rumeurs de fin annoncée. Avocats et clients se font draguer par les concurrents. Mais tous restent fidèles à BCTG, malgré l’absence des associés fondateurs. « Comme nous étions tous issus du cabinet, les clients nous connaissaient » , explique Sabine de Paillerets-Matignon. Nike, Coriolis Telecom, Samsung, Orangina, EDF, BNP, Air France : autant de grands noms qui soutiennent le cabinet pendant cette période troublée. « L’année 2010 a été une véritable remise en question pour nous » , reconnaît Séverin Kullman. Avec l’aide notamment de Patrick Bignon, conseil en organisation et stratégie, la gouvernance, auparavant centralisée, se réorganise autour d’une assemblée des associés et d’un comité de gestion. Et le cabinet, bien que discret, poursuit son développement. Au point, six ans plus tard, d’être passé d’une vingtaine d’avocats à une quarantaine. En 2011, Augustin Nicolle est coopté associé en corporate. Cependant, des trous dans la raquette demeurent. « Nous avons été capables d’aller chercher les compétences qui manquaient » , commente Sabine de Paillerets-Matignon. Mais la greffe ne prend pas du premier coup. En janvier 2012, Delphine Laisney-Dreux, spécialiste du M&A cross-border, qui a travaillé près de vingt ans à Tokyo pour Baker & McKenzie, intègre le cabinet… pour repartir au bout de six mois. Qu’à cela ne tienne. En août de la même année, BCTG accueille une équipe concurrence avec Hugues Villey-Desmeserets, associé fondateur du cabinet Toison Villey Broud, et Laetitia Lemmouchi-Maire. En 2014, c’est Paul Elfassi, en provenance de CGR Legal, qui vient compléter les compétences du cabinet en Énergie avec sa pratique en droit public. Au risque de ne pas trouver sa place au sein d’un collectif d’associés soudés par les épreuves ? Paul Elfassi écarte cette idée : « Nous travaillions ensemble depuis longtemps. Je croisais fréquemment Diane et Catherine sur des dossiers. Nous avions déjà la même approche du métier. L’intégration a donc été naturelle pour mon équipe comme pour moi. »


Pour les associés, en effet, pas question d’ouvrir la porte au premier venu ou même au plus offrant



Pour les associés, en effet, pas question d’ouvrir la porte au premier venu ou même au plus offrant. « Au-delà de la compétence professionnelle, nous sommes attentifs à la complémentarité personnelle des individus – associés et collaborateurs – et à leur capacité à tisser des liens avec et entre les membres du cabinet. Une réelle communauté d’esprit est nécessaire au travail en équipes et à la qualité d’exigence de notre exercice professionnel » , explique Catherine Dupuy-Burin des Roziers. Et d’expliquer : « Notre affectio societatis est le résultat d’une histoire commune que partage la majorité d’entre nous. Nous avons pris conscience que nous n’étions pas ensemble par hasard. Ce socle d’expériences et de valeurs nous a permis d’intégrer très vite et avec succès des associés extérieurs, comme il nous assure aujourd’hui d’avancer et d’aborder unis les nouveautés et changements de notre profession. » « C’est un cabinet qui a une histoire, renchérit Paul Elfassi. Il y a vraiment un ADN international, une culture à la fois du conseil et du contentieux. La majorité des associés ont construit BCTG. Cela compte notamment pour l’intégration de nouveaux associés. »

Double culture
L’ADN international, BCTG a en effet continué à l’entretenir au cours de ce nouveau siècle. « Nous avons su garder notre spécificité à l’international, en nous appuyant sur notre réseau de best friends à l’étranger » , précise Sabine de Paillerets-Matignon. Le cabinet intervient aujourd’hui en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud et en Europe de l’Est. Quant à la double culture du conseil et du contentieux, elle constitue un choix stratégique assumé. « En corporate, notamment, le contentieux et l’arbitrage tiennent une place importante, énonce Séverin Kullman. C’est également vrai pour les jeunes collaborateurs, car pour bien conseiller ses clients, il faut savoir comment ça se passe devant une juridiction, savoir gérer un affrontement. » Et de préciser : « Notre cabinet a une clientèle de métiers industriels et de services. Cela détermine nos compétences et nos pratiques. »


Quant à la double culture du conseil et du contentieux, elle constitue un choix stratégique assumé



Aujourd’hui, le cabinet est ainsi divisé en six expertises (corporate, social, propriété intellectuelle, contentieux-arbitrage-médiation, et concurrence-distribution) qui se croisent sur six secteurs d’intervention : énergie, retail/luxe, santé/pharma, télécoms/médias, industrie et logistiques. En 2015, il a réalisé un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Le spectre de 2010 semble définitivement s’éloigner. « Aujourd’hui, nous sommes passés à autre chose, assure Séverin Kullman. Cette année terrible n’appartient plus à tous les associés. Nous avons consolidé le développement du cabinet et nous voulons l’asseoir sur ses bases. Ensuite, une nouvelle phase consistera à élargir nos compétences à plus long terme. » Notamment celle de l’énergie qui, avec ses deux associés en droit privé et son associé en droit public, bénéficie déjà d’une large palette d’expertises, et ce dans un contexte des plus favorables. « Nous intervenons beaucoup dans le secteur des énergies renouvelables, marché de niche où nous comptons parmi les tout premiers cabinets, relève Paul Elfassi. Nous développons également notre savoir-faire sur des secteurs industriels, comme le traitement et la valorisation des déchets, par exemple. » Cette nouvelle phase de développement, qui restera mesurée, les associés l’envisagent notamment lors de leur traditionnel déjeuner du lundi. Lequel n’a pas été concerné dernièrement par les mouvements habituels qui jalonnent la vie des cabinets d’avocats. « Pour un cabinet français avec cette longévité, nous sommes d’une étonnante stabilité ! », sourit Catherine Dupuy-Burin des Roziers.


Précision : Il s'agit bien de Jean-Philippe Thibault et non Jean-Pierre comme indiqué par erreur dans la version papier. La rédaction présente toutes ses excuses à ce dernier pour cette confusion de prénom.
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