Accès Rapide
S'identifier

Lja.fr : le site d’information en prise directe avec l’actualité des cabinets d'avocats et des directions juridiques. Chaque jour, l’actualité du droit grâce à nos news, portraits, fiches pratiques et points de vue d’experts.

Image

Abandons de créances aux entreprises en difficulté : les Sages ont-ils perdu le Nord ?

Par LA LETTRE DES JURISTES D'AFFAIRES

Paru dans La Lettre des Juristes d'Affaires n°1351 du 21 mai 2018
Par Pierre-Emmanuel Scherrer, of-counsel et Nadège Ollier, collaboratrice, cabinet Bignon Lebray

Le Conseil Constitutionnel vient de rendre une décision étonnante sur la conformité à la Constitution des dispositions la loi de finances 2017 ayant modifié le dispositif fiscal relatif aux abandons consentis à des entreprises en difficulté.

La question de fond posée aux Sages par la société Technicolor était simple : la mesure de faveur qui concerne les abandons de créances consentis à des entreprises en difficultés (article 209, I du CGI, 4e alinéa), bénéficiait-elle, dans sa rédaction de l’époque issue de la loi de finances pour 2013 et applicable jusqu’en 2017, aux entreprises qui ont consenti des abandons ou à celles qui en ont été bénéficiaires ? Autrement dit, la loi de finances pour 2017, qui a toiletté le texte initial – il est vrai assez mal rédigé - en indiquant que le dispositif ne s’applique qu’aux entreprises bénéficiaires d’abandon, était-elle purement interprétative, comme elle le disposait, ou pouvait-elle être considérée comme rétroactive ? Evidemment, le caractère rétroactif aurait été de nature à poser quelques soucis du point de vue constitutionnel...

Le Conseil constitutionnel n’a pas validé le raisonnement de la société requérante en considérant la disposition contestée comme conforme à la Constitution puisque le législateur avait, dès la loi de finances pour 2013, « entendu soutenir les entreprises en difficulté » en leur donnant la possibilité de majorer la limite de déficit déductible du bénéfice d’un exercice, à hauteur du montant des abandons de créances. Ainsi, le Conseil Constitutionnel fonde son interprétation sur les « travaux préparatoires » de la loi de finances pour 2013 pour asseoir le caractère interprétatif du texte de 2017.

Pour autant, la décision des Sages de la rue Montpensier ne convainc pas totalement. En effet, l’amendement présenté en 2012 par la Commission des finances de l’Assemblée Nationale ayant instauré cette mesure donne une vision toute différente de celle dépeinte par le Conseil(1). L’exposé sommaire de cet amendement présentait la mesure à l’Assemblée Nationale selon les termes suivants : « Il s’agit en quelque sorte d’apporter un soutien en trésorerie aux entreprises qui, en abandonnant leurs créances, aident elles-mêmes des entreprises qui rencontrent des difficultés ».

Par ailleurs, en séance, M. Christian Eckert, le rapporteur général soutenant l’amendement précité, indiquait que l’objet de cet amendement était « d’apporter un soutien aux entreprises qui aident d’autres entreprises en difficulté, en permettant d’augmenter le plafond du déficit reportable en avant du montant des abandons de créances consentis à des entreprises en difficulté ».

L’on peut ainsi légitimement soutenir, sur la base des débats parlementaires, une interprétation opposée à celle du Conseil Constitutionnel, en retenant que la loi initiale visait à soutenir les sociétés qui aident des entreprises en difficulté en leur consentant un abandon de créance.

Ainsi, la nouvelle rédaction de l’article 209, I du CGI issue de la loi de finances pour 2017 serait-elle de nature à restreindre la portée de la mesure instaurée par la loi de finances pour 2013 telle qu’éclairée par les travaux parlementaires et, partant, à placer dans une situation délicate, et ce de façon rétroactive, les entreprises qui ont consenti des abandons de créances avant le 31 décembre 2016 en faisant le pari d’une interprétation conforme à celle qui ressort des débats parlementaires précités.

Il est donc à déplorer que la décision du Conseil constitutionnel, qui entérine le caractère interprétatif et rétroactif du texte litigieux, fût aussi mal fondée, d’autant qu’elle n’est susceptible d’aucun recours.




Notes

Conseil constitutionnel, Décision QPC n° 2018-700 du 13 avril 2018, Société Technicolor

(1) Amendement 247 rectifié portant sur l’article 16 de la loi de finances pour 2013, présenté par M. ECKERT, rapporteur général au nom de la commission des finances, adopté par l’Assemblée Nationale lors de la lecture du 12 décembre 2012.

Conseil constitutionnel Bignon Lebray LJA1351 Abandons de créances Entreprises en difficulté Pierre-Emmanuel Scherrer Nadège Ollier Christian Eckert CGI Sages

La preuve comme outil de transaction

- 424 vues

Levier stratégique majeur dans les dossiers contentieux, pénaux et les médiations, la preuve est devenue un outil de négociation…

Lancement de Pentecoste & Associés

- 476 vues

Jérôme Pentecoste crée son cabinet. Il s’associe avec Jean-Luc Heckenroth et Théo Armbruster pour fonder Pentecoste &…

Quatre cabinets sur le MBO d’Orians

- 423 vues

Expert des solutions de gestion SaaS dédiées à la formation, Orians ajuste son actionnariat et s’agrandit. Anticipant le retrait…

Sept cabinets sur le LBO d’Endena

- 433 vues

Regroupant trois sociétés, onze agences et plus de 170 collaborateurs, Endena totalise plus de 20 M€ de ventes dans l’ingénierie…

Six cabinets sur le LBO de Mathevon

- 485 vues

Pour sa toute première opération, Montyon Capital prend le relais de Siparex, Arkéa Capital, Africinvest, Bpifrance et BNP Paribas…

Trois cabinets sur le LBO de Pralus

- 511 vues

C’est une nouvelle transmission familiale qui s’annonce chez Pralus. Pilotée depuis 1988 par le fils du fondateur, la maison de pâtisserie-chocolaterie…

Lancement de Pentecoste & Associés

- 476 vues

Jérôme Pentecoste crée son cabinet. Il s’associe avec Jean-Luc Heckenroth et Théo Armbruster pour fonder Pentecoste &…

Dimitri Sonier rejoint Fidal

- 479 vues

Fidal annonce l’arrivée de Dimitri Sonier en qualité d’associé. Accompagné de son collaborateur, il intègre…

Création de Luce Avocats

- 447 vues

Claire Gallon annonce la création de son propre cabinet spécialisé en droit social. L’associée fondatrice intervient…

Création de Leclerc Avocats

- 552 vues

Estelle Leclerc annonce la création de Leclerc Avocats, un cabinet spécialisé en droit de la concurrence, commercial et de la distribution.

Création de Nef Naf Avocats

- 564 vues

Nicolas Nef Naf lance un cabinet au service des entreprises en mutation dédié au restructuring, au distressed M&A et au contentieux…

L'agenda de la semaine - n°1525

- 12352 vues

Toutes les semaines, le meilleur des évènements, des initiatives, des rendez-vous et des publications à venir, de la communauté…

Naissance de la legaltech White Alert

- 9462 vues

Le cabinet Ayache propose un dispositif numérique de lancement d’alertes conforme à la loi Sapin 2, qui impose aux entreprises de…

Consultation publique de l’AMF

- 9348 vues

L’Autorité des marchés financiers a fait le constat d’une augmentation encore trop lente de la proportion des fonds d’investissement…

Fieldfisher x Euronext

- 13119 vues

Fieldfisher est partenaire d’Euronext dans le cadre du déploiement de la nouvelle édition de son programme FamilyShare, destiné…

Mémoires d’un avocat international

- 10022 vues

Toutes les semaines, le meilleur des évènements, des initiatives, des rendez-vous et des publications à venir, de la communauté…

Violations du RGPD

- 12913 vues

Toutes les semaines, le meilleur des évènements, des initiatives, des rendez-vous et des publications à venir, de la communauté…

Abandon du projet DataJust

- 9707 vues

Selon une information du site acteurspublics.fr, qui n’a pas encore été confirmée par la Chancellerie, le développement…

Div qui contient le message d'alerte

Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire

Mot de passe oublié
Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Il semble que vous utilisiez un ad-blocker !

La Lettre des Juristes d'Affaires se finance par la publicité afin de vous offrir un contenu de qualité.

Deux solutions vous sont proposées :

Désactivez votre ad-blocker

Abonnez-vous à la LJA

Je m'abonne