[Wait and see]
Par Miren Lartigue, Rédactrice en chef LJA Le Mag
C’était une première au Royaume-Uni et l’opération a été un succès. Gateley Heritage LLP, le premier cabinet d’avocats britannique coté en bourse, a levé 30 millions de livres sterling sur le marché alternatif de Londres (AIM) lors de son introduction le 8 juin dernier. Parmi les souscripteurs figurent notamment des employés et des clients du cabinet. 25 millions de livres sont revenus aux associés et 5 millions ont été réservés au financement des futurs investissements et de la transformation du limited liability partnership en public limited company, rebaptisé Gateley Plc. Implanté dans neuf villes en Angleterre et en Écosse, ainsi qu’à Dubaï depuis 2007, ce dernier dispose d’un large panel de practices, dont le droit bancaire et financier, le droit des sociétés, le droit social et immobilier. Faisant fi de la curiosité de ses concurrents, il a joué la totale transparence avant son entrée en bourse sur la répartition de son capital ou sa stratégie pour les années à venir : acheter des cabinets susceptibles de lui apporter des expertises complémentaires.
L’opération valorise le cabinet à hauteur de 100 millions de livres. Une capitalisation boursière qui ne doit pas laisser totalement insensibles les associés des nombreux beaux cabinets de la place, susceptibles d’empocher quelques millions par le biais d’une telle opération. En ouvrant la voie, Gateley a-t-il aussi ouvert les vannes ? Faut-il s’attendre à voir d’autres cabinets d’affaires britanniques s’engouffrer dans la brèche ? Pour l’heure, seul le cabinet Irwin Mitchell, qui fait partie du top 50 des cabinets britanniques, a annoncé son intention d’entrer en bourse d’ici la fin de l’année. Les autres vont probablement préférer observer de près la suite, pour voir ce qu’il va advenir de Gateley. En scrutant les fluctuations de la cotation, bien sûr, mais aussi et surtout, l’attitude des actionnaires extérieurs et leurs éventuelles tentatives d’interférence dans la conduite du business par les avocats. Car c’est là l’une des grandes préoccupations qui tient les cabinets d’affaires éloignés des marchés boursiers et réticents à laisser entrer dans leur capital des investisseurs extérieurs, en quête d’un retour sur investissement. Or, dans la mesure où les associés de Gateley ont signé une clause de lock up les engageant à ne pas céder leurs titres pendant cinq ans, il faudra vraisemblablement attendre au moins aussi longtemps pour voir ce qu’il adviendra une fois ces derniers libérés de leur obligation vis-à-vis des actionnaires. Wait and see.