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Delphine Siino-Courtin et Alhassane Barry, avocats chez Clifford Chance : « Pour s’installer en Afrique, rien ne remplace les années de pratique »

Par Laurence Garnerie

Cette interview a été publiée dans son intégralité dans la LJA 1218 du 20 juillet 2014 (Abonnés)

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Delphine Siino-Courtin, Avocate associée

En juin dernier, de nombreux avocats africains ont manifesté pour dénoncer « le colonialisme juridique de Paris » et la «tentative d’OPA » des cabinets internationaux sur le continent. En cause : le projet de barreau OHADA soutenu par le barreau de Paris, auquel les barreaux locaux n’auraient pas été associés. Abandonnée à la suite de cette bronca, l’initiative ne risque-t-elle pas d’entacher les relations entre les avocats africains et étrangers ? Éléments de réponse avec Delphine Siino-Courtin et Alhassane Barry, respectivement associée et counsel au sein de la pratique Afrique du cabinet d'avocats Clifford Chance.   

Comment expliquez-vous l’hostilité dont ont fait preuve ces dernières semaines les cabinets d’avocats africains (ou les barreaux) à l’égard des firmes
internationales ?
Delphine Siino Courtin : Depuis quelques années, beaucoup de cabinets étrangers s’intéressent à l’Afrique et réfléchissent à l’ouverture d’un bureau sur le continent africain face à la demande pressente des clients. Or les avocats locaux dans les pays d’Afrique francophone tendent à avoir peur de l’arrivée d’une telle concurrence qu’ils perçoivent comme susceptible de leur voler leur pratique et leurs dossiers dans un marché peu structuré et où les dossiers sont souvent partagés entre quelques cabinets locaux. D’où des réticences à laisser s’installer des firmes internationales en Afrique francophone, comme on a pu le voir récemment en Côte d’Ivoire ou en Guinée. À l’inverse, si l’on prend l’exemple de l’Afrique du Sud dont le marché est déjà très structuré et où énormément de cabinets internationaux sont présents, on constate que les cabinets internationaux ont pu s’y installer relativement aisément, en s’associant, dans la plupart des cas, à des cabinets locaux qui ne se sont pas sentis lésés. À l’inverse, en Afrique francophone, certains grands cabinets qui ont tenté de s’y installer ont plutôt opté pour de petits desks sans association ou partenariat avec des firmes locales, ce qui, vu le contexte, peut se révéler dangereux.
Alhassane Barry : Il y a tout naturellement un protectionnisme du marché juridique local (ce qui est d’ailleurs vrai en Afrique ou ailleurs), mais il est intéressant de relever que les raisons de l’hostilité envers les cabinets d’avocats étrangers qui veulent s’installer en Afrique francophone sont parfois tout simplement historiques. Bon nombre de ces pays ont repris dans leur ordre juridique national les mêmes restrictions, par exemple celles liées à la nationalité, que les législations françaises réglementant l’accès à la profession. En quelque sorte, les avocats français ont parfois payé dans certaines juridictions d’Afrique francophone le prix de leur propre protectionnisme.

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Alhassane Barry,counsel et co-responsable du sous groupe OHADA Afrique Francophone

“ Les avocats français ont parfois payé dans certaines juridictions d’Afrique francophone
le prix de leur propre protectionnisme ”


L’idée d’un barreau Ohada vous paraît-elle légitime ?
A.B. : Pour la zone OHADA, dans la mesure où à travers le Traité de l’OHADA, les pays membres ont déjà uniformisé une très large partie du droit applicable aux affaires, il me semble qu’à terme un barreau OHADA où les avocats de la zone seraient admis à prodiguer des conseils sur des sujets de droit OHADA, indistinctement de leur pays de résidence, tombe sous le sens, même si la mise en œuvre peut être délicate et sensible. Il me semble que, plus que le concept, c’est la manière dont le projet aurait été mené, et notamment l’implication du barreau de Paris qui a fait couler beaucoup d’encre. Sans doute, un problème de communication car les barreaux locaux ont dit ne pas avoir eu le sentiment d’avoir été pleinement associés à cette initiative.

Quelles relations entretenez-vous avec les cabinets locaux ?
A.B. : Nos relations sont excellentes. Elles sont fondées sur le respect mutuel et la reconnaissance du caractère complémentaire du travail de chacun de nous. Nous plaçons nos relations sous le sceau d’un véritable parte-nariat, ce qui nous a permis de développer des relations étroites avec un bon nombre de cabinets locaux. Lorsque nous faisons des clients’ briefing notes par exemple, la publication qui est envoyée à nos clients sera au nom du cabinet Clifford Chance et du confrère local avec lequel nous avons travaillé.
D.S.-C. : Pour s’installer en Afrique, rien ne remplace les années de pratique, le temps, la confiance et le respect. Comme l’a dit Alhassane, les relations que nous entretenons avec nos conseils locaux sont en effet très bonnes et elles évoluent dans le bon sens. Il y a quelques années, notre pratique était surtout tournée vers les projets d’infrastructures. Or, aujourd’hui, nous accompagnons nos clients au-delà, en private equity, arbitrage, capital markets… Nous sommes intervenus sur des opérations innovantes, telles que la première opération de financement islamique dans la zone OHADA. Sur tous ces nouveaux domaines du droit, il y a donc un besoin de formation sur place que nous nous efforçons de combler. De même, il nous arrive de rédiger, en étroite collaboration avec nos confrères locaux, de la réglementation locale lorsqu’il existe un vide juridique dans le cadre d’un dossier ou à la demande de certains gouvernements africains. Il est hors de question pour nous de le faire sans un cabinet local et il serait difficile pour l’un d’entre eux de le faire sans l’expertise et l’expérience d’un cabinet international.

En 2013, Clifford Chance a justement fondé la Clifford Chance Africa Academy pour former des avocats africains. Pouvez-vous revenir sur ce projet ?
D.S.-C. : L’Academy repose sur un échange. Nous proposons aux avocats d’une région d’Afrique, avec lesquels nous travaillons, des formations, que ce soit en banque / finance, en M&A ou en résolution des litiges, pendant deux jours pleins. En retour, ils échangent avec nous sur les contraintes spécifiques de leurs marchés, leurs dossiers, leur pratique.
A.B. : Nous ne venons pas dispenser un cours de droit français ou de droit anglais à nos confrères africains, ni un cours de droit OHADA qu’ils maîtrisent bien mieux que nous. Les formations reposent sur des ateliers pratiques et avec des exemples concrets. C’est un forum d’échanges où nous favorisons des discussions ouvertes sur des problématiques majeures que le conseil local se doit de maîtriser parfaitement du point de vue de son droit local, tout comme le conseil international que nous sommes se doit de les maîtriser, afin qu’ensemble, nous puissions fournir à nos clients communs le meilleur service possible à chaque instant. La Clifford Chance Africa Academy est un vrai succès. Il y a eu, à ce jour, déjà 9 sessions, soit plus de 200 participants provenant de 63 cabinets locaux et de 21 pays. Les participants viennent des quatre coins du continent, et les formations sont assurées par des associés du cabinent ou des counsels ou des avocats très seniors qui sont rompus à ces exercices. La prochaine Clifford Chance Africa Academy aura lieu à Lagos en septembre 2015.

“ Nous regardons actuellement quelles pourraient être les opportunités
pour servir au mieux nos clients en Afrique ”


Comme beaucoup de cabinets, Clifford Chance est installé à Casablanca, au Maroc. Comment cela se passe-t-il ?
D.S.-C. : L’hostilité à l’égard des cabinets internationaux y est moins présente qu’en Afrique de l’ouest ou du centre. Nous y avons envoyé une équipe formée en France qui était disposée à (re)partir là-bas. Nous avons certes une pratique locale, mais, pour l’essentiel, nous traitons des dossiers complexes avec des équipes multi-juridictionnelles. Cependant, nous avons seulement le droit de faire du conseil. Dès qu’il y a un point de contentieux, nous faisons appel à des partenaires locaux.

Clifford Chance a-t-il le projet d’ouvrir d’autres bureaux sur le continent africain ?
D.S.-C. : Nous regardons actuellement quelles pourraient être les opportunités pour servir au mieux nos clients en Afrique, notamment sur les marchés plus dynamiques. Que cette présence prenne la forme d’une ouverture de bureau ou une autre forme reste à définir. Nous n’envisagerons pas d’implantation sans passer au préalable par un processus de discussion avec nos clients, les cabinets locaux et sans y associer pleinement les barreaux locaux.  En effet, nous voulons avoir un pied sur place, pas prendre le travail des autres. Cela prend du temps et nous ne sommes pas dans la précipitation car nous voulons trouver la bonne équipe, bien dimensionnée et qui pourrait apporter une expérience internationale pour le traitement des dossiers, aux mêmes standards que nos bureaux à Paris, Londres ou ailleurs dans notre réseau.


Propos recueillis par L.G.

 
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