
AGN Avocats : "Nous, nous avons décidé de rester avocats"
AGN Avocats n'en finit pas de faire parler de lui. Le cabinet généraliste, connu pour s'être développé sous forme de franchise et avoir ouvert des "agences" un peu partout en France, vient de lever 1 million d'euros.
Cette première pour un cabinet d'avocats a notamment été rendue possible par la loi Macron(1). Dans son article 63, celle-ci prévoit en effet que "lorsque la forme juridique d'exercice est une société, le capital social et les droits de vote peuvent être détenus par toute personne exerçant une profession juridique ou judiciaire" . C'est donc auprès de huit avocats et d'un notaire qu'AGN Avocats a trouvé des investisseurs. Une levée de fonds qui a nécessité un travail de longue haleine – les cofondateurs du cabinet, Frédéric Moréas, Philippe Charles et Jérôme Célié s'y attèlent depuis le mois de juin – et un projet suffisamment bien ficelé pour convaincre ces juristes de franchir le pas.
Vision entrepreneuriale
Si, aujourd'hui, les trois associés ne veulent pas dévoiler l'identité des investisseurs, ils confient néanmoins qu'il s'agit "d'anciens ou actuels dirigeants de firmes, notamment anglo-saxonnes, ou ayant endossé des responsabilités ordinales, et d'une étude de notaires intervenant sur le marché du droit des affaires" . "Notre objectif était de réunir des personnalités ayant deux points communs : une vision entrepreneuriale et les mêmes valeurs de pionniers et de travail que nous, explique Philippe Charles. Elles partagent l'idée que le marché du droit va changer et que l'avocat doit se développer pour rester au centre de ce marché. À défaut, il deviendra un simple prestataire de services. Or, nous, nous avons décidé de rester avocats" . Et Frédéric Moréas de renchérir : "Il faut donner à l'entreprise d'avocat les moyens de gérer sa croissance. L'autofinancement, prôné jusqu'ici par la profession, ne correspond à aucune vision entrepreneuriale" . D'où le souhait des associés d'aller plus encore loin et de contester l'interdiction faite aux avocats d'ouvrir leurs cabinets aux capitaux extérieurs autres que ceux des professions juridiques. Une thèse qu'ils avaient d'ailleurs déjà défendue lors de leur audition devant la mission d’information sur les professions juridiques réglementées de l’Assemblée nationale le 4 novembre 2014 (lire notre actualité : AGN Avocats plaide pour l’ouverture aux capitaux extérieurs, 5 nov. 2015).
Coup à trois bandes
En attendant, le million d'euros levé va permettre à l'Agence de se développer dans trois directions. Tout d'abord, AGN va renforcer son équipe de franchiseurs. Le cabinet, qui compte aujourd'hui 10 bureaux et 37 avocats, espère doubler ses effectifs en 2016. Ensuite, il va mettre en ligne dans les tous prochains jours(2) un site marchand de prestations juridiques. "Tous les avocats du réseau ont été formés pour qu'une partie de l'activité du cabinet soit digitalisée, précise Frédéric Moréas. Seuls les membres d'AGN travailleront sur le site, dans le respect de notre déontologie" . Enfin, le cabinet devrait lancer d'ici la fin du mois sa première campagne publicitaire, dont le format est encore tenu secret. Le cabinet a en effet obtenu, dans la lignée de la décision du Conseil d'État du 9 novembre 2015 annulant l'interdiction faite aux avocats de diffuser de la publicité par voie de tracts, affiches, films, radio ou télévision, une décision similaire le 2 décembre dernier. Fort de ce succès, les associés entendent désormais s'adresser au grand public. Avec un objectif affiché : faire d'AGN Avocats la première marque d'avocats en France.
L.G.
(1) L. n° 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, art. 63 modifiant l'article 8 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques.
(2) Le site a été mis en ligne le 17 février 2016 : http://www.agn-avocats.fr/