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Chasse de têtes, outil indispensable pour les entreprises et cabinets d’avocats

Par LA LETTRE DES JURISTES D'AFFAIRES
Paru dans La Lettre des Juristes d'Affaires n°1377 du 17 décembre 2018
Par Eric Gardner de Béville, membre du Cercle Montesquieu, recruteur et juriste international

Malgré le développement d’internet -ou peut-être à cause de cela- la chasse de têtes traditionnelle reste aujourd’hui encore un outil indispensable, performant et très apprécié des entreprises et cabinets d’avocats.

Il a longtemps été coutume de recruter par le bouche-à-oreille surtout pour les fonctions de « confiance » comme le sont les PDG, DG, directeurs juridiques et avocats. On se parlait entre membres de conseil d’administration, on demandait avis à un ami, on faisait appel à un cousin, neveu ou fils ou fille d’un collègue. Ces jours sont révolus.

Avec le développement d’internet, beaucoup de sociétés qui cherchent les talents pensent pouvoir tout faire en interne, plus facilement, plus rapidement et de manière plus économe. C’est très souvent faux. Cela peut s’appliquer aux profils jeunes, rarement aux expérimentés. Le chasseur de têtes est un spécialiste du recrutement qui agit par approche directe et discrète, et qui va plus vite, plus précisément et plus confidentiellement trouver la « perle rare ».

En pratique, on constate qu’il y a un parallèle avec la personne malade qui décide d’aller d’abord voir son pharmacien qui est un bon professionnel, plus accessible et moins cher que le médecin. Toutefois, le malade se rend compte au bout de deux mois qu’il a dépensé du temps, de l’argent pour des médicaments sans effet et que son mal n’est pas guéri -et peut-être pire. Il décide donc d’aller voir le médecin qui est un spécialiste et lui donnera la bonne solution. Si notre protagoniste était allé chez le spécialiste dès le début, il aurait gagné du temps et de l’argent. C’est la même chose avec le chasseur de têtes.

Par ailleurs, si les directeurs en entreprise -juridique, financier, compliance, contrats, ressources humaines, data protection, etc.- doivent recourir aux spécialistes externes et experts pour des conseils précis et spécifiques, de la même manière, les DJ, DRH ou PDG doivent faire appel à un chasseur de têtes spécialiste pour des profils qualifiés et seniors. C’est un autre exemple de la relation généraliste-spécialiste : les deux sont nécessaires et complémentaires.

En cabinet d’avocats, la situation est similaire : les bons chasseurs de têtes savent quels sont les meilleurs candidats pour telle ou telle practice ou groupe sectoriel du cabinet. Le chasseur de têtes expérimenté sait où trouver le parfait candidat « lateral », l’équipe professionnelle qui veut changer, le superbe avocat-manager qui va ouvrir le nouveau bureau en province ou à l’international. Ceci est d’autant plus vrai que le milieu des avocats est très secret et confidentiel, et qu’il est donc très difficile pour les non-professionnels d’obtenir les informations idoines.

Il y a aussi un aspect important que beaucoup de cabinets et entreprises ne valorisent pas assez : le fait que le chasseur de tête va presque systématiquement aussi chercher des candidats qui ne sont pas en recherche active, qui ne sont donc pas sur le marché et que les non-professionnels du métier ne connaissent généralement pas. Or, très souvent, ce sont eux les meilleurs candidats.

Enfin, tout bon professionnel se doit d’être en contact avec les chasseurs de têtes tout au long de sa carrière. Ils sont des spécialistes indispensables pour bien gérer la carrière, au plan national ou international, en privé comme dans le public, pour les jeunes comme pour les PDG. De plus, le chasseur de têtes est un conseiller, un genre de mentor, qu’il convient de savoir gérer en amont -c’est-à-dire quand tout va bien dans son job et son entreprise ou cabinet- et ne pas attendre qu’en aval on vous demande de chercher « à vous épanouir » ailleurs. Il ne faut pas attendre d’être dans l’urgence ou la crise. Ceux qui ne gèrent pas bien cet aspect important de la relation avec le chasseur de têtes risquent d’être déçus le moment venu.

Eric Gardner de Béville LJA1377