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Quel(le) associé(e) serai-je ?

Par Emmanuelle Vignes

La plupart des collaborateurs cherchent à devenir associés dans le cabinet qui les emploie. Ou ailleurs : « là où on voudra bien d’eux ». D’autres choisissent de créer leur structure. D’autres encore, partent volontiers en entreprise. Ils espèrent trouver l’équilibre qu’ils n’ont pas eu en cabinet et qu’ils ne trouvent pas non plus là-bas d’ailleurs, pour beaucoup. D’autres sont très heureux en tant qu’Of Counsel.

Aujourd’hui, nous nous intéressons à ceux qui veulent devenir associés. Pour combien est-ce une véritable ambition ? Difficile à dire. Avec les années, l’exemple de leurs aînés les a parfois rebutés. Mais ont-ils, en cabinet, une autre issue ? Un autre avenir ?

Les critères qui poussent les associés « en place » à nommer un collaborateur « maison » ou à recruter - je devrais dire coopter - un(e) associé(e) d’une autre structure, sont généralement : la contribution prévisionnelle au chiffre d’affaires, le domaine de compétence, la réputation, le besoin du cabinet en terme de développement, etc. Plus la structure est grande, moins les qualités de savoir-être, d’écoute, de tout ce qui apparaît comme des « cerises sur le gâteau » prédominent. Je pense à la capacité de former les collaborateurs sur le plan technique, mais aussi sur le terrain du développement commercial, de la relation clients ou encore sur les compétences managériales. Quid du savoir-vivre ensemble ? Des valeurs ?

Ce qui frappe chez ces collaborateurs, c’est cette endurance, cette volonté d’aller « jusqu’au bout » au prix de sacrifices importants. Pas pour intégrer une équipe dont ils admirent les compétences. Pas pour venir enrichir de leurs propres qualités l’équipe qui les dirige. Pas pour parfaire l’offre de conseil du cabinet. Ils n’ont pas le temps d’y penser. On ne les amène pas à y penser. On ne leur offre pas l’occasion d’y penser. Ce qui motive c’est l’argent. Soyons honnêtes et clairs. Rares sont ceux qui se posent ces questions tant on les presse à remettre leur « business plan » ; à veiller tard pour prouver leur motivation depuis plusieurs mois déjà ; à faire les beaux mais subtilement (équation presque impossible à réaliser) ; etc. Sauf quelques structures dont certaines de grande taille qui font un travail remarquable et de longue haleine. Et bonne nouvelle, c’est la tendance : ouf !

Aujourd’hui, nous avons donc un marché parisien constitué de grosses structures financièrement très séduisantes et nous voyons se former de petites structures composées d’avocats qui sont fatigués de ce mode de fonctionnement. Fatigués que l’affectio societatis tourne essentiellement autour de la notion d’euros. Ils veulent créer – souvent entre amis ou anciens collègues – un cabinet plus humain qui leur ressemble autour de valeurs qu’ils partagent.

Quel(le) associé(e) veux-je être pour ma structure ? Le clone de celui qui m’a formé(e) ? L’opposé ? Un(e) autre ?

La jeune génération veut autre chose. Elle réclame ce dont leurs aînés ont souvent manqué. Attention, respect, qualité de vie. Elle n’en a pas forcément la capacité. Elle ne sait pas toujours où aller chercher la ressource. Les DRH ou les DG sont souvent de bons partenaires car ils sont informés de ce qu’il se passe sur le marché. Les consultants, les coachs, les formateurs, les confrères, des acteurs du monde de l’entreprise, sont là pour vous apporter ce qui, au fond, fait qu’un(e) associé(e) est productif de façon pérenne : son épanouissement personnel au sein du cabinet.

Car un associé épanoui, c’est un formateur, un partenaire, un expert, quelqu’un à qui on peut demander conseil sur un dossier, ou encore un développeur épanoui. Et c’est très rassurant pour les clients, qui le sentent tout de suite.

Un vrai avantage concurrentiel en somme.