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Le temps

Par Emmanuelle Vignes

Le mois dernier, j’ai franchi le cap : j’ai rencontré un coach. Je ne sais pas pourquoi j’ai attendu si longtemps car j’apprécie beaucoup le travail que nous faisons ensemble. Le problème, c’est qu’il ne peut me voir que dans la journée. J’ai tellement de travail, entre les dossiers, la gestion de mon équipe et le reste. Il me propose de le voir une fois tous les quinze jours. J’ai déjà reporté plusieurs rendez-vous. Mais comment faire autrement ?

REPONSE

Lorsque nous nous faisons accompagner pour travailler sur nos problématiques professionnelles, organisationnelles ou managériales, c’est malheureusement encore trop souvent quand nous n’en pouvons plus. Consacrer du temps à un coaching, c’est difficile. Surtout dans notre milieu où les opérations vont vite, les clients nous mettent la pression, nous veulent totalement disponibles, etc. Nous passons beaucoup de temps au cabinet et faire une place à une heure ou deux de coaching peut nous paraître du luxe. Il est tentant de le faire passer au second plan. Et nous donnons facilement la priorité à notre travail opérationnel.

Pourtant, si nous prenons un peu de recul sur la question, le coaching n’est pas autre chose que du travail. Il concerne nos activités de tous les jours. Il a pour but de nous rendre plus performants, plus efficaces. Alors pourquoi avons-nous parfois du mal à lui faire de la place ? Est-ce parce que nous ne sommes pas encore convaincus de son utilité ? Est-ce parce qu’il n’est pas toujours officiel ? Est-ce que c’est parce que ce temps qui nous est dédié est un temps qui n’est pas facturé au client ? Est-ce parce que le coaching n’est pas encore rentré dans les mœurs ? Il y a selon les uns et les autres, une multitude de raisons.

Or nous savons, nous qui nous sommes faits coacher, à quel point ce temps nous fait du bien. Et d’ailleurs, le problème du temps ne se pose souvent plus, après deux ou trois séances. Car à ce stade, nous percevons déjà les fruits de notre démarche. Créer un espace temps au cours duquel nous pouvons enfin dire les choses (en toute confidentialité normalement), prendre du recul, être écoutés, voir les choses différemment nous rend, pour la grande majorité d’entre nous, plus performants. Nous apprenons à mieux communiquer, à mieux dire, à mieux écouter, à mieux travailler.

Le problème du temps peut se poser plus particulièrement dans le cadre du coaching individuel. Au début, certains clients sont un peu gênés de consacrer du temps « à eux » dans la journée. Le coaching impliquant davantage de composantes personnelles (et non privées), les gens ont parfois plus de scrupules que lorsqu’ils font appel à du consulting. Mais s’ils deviennent plus performants, ne permettent-ils pas ainsi à la structure de l’être ?

Mais c’est aussi le cas pour le coaching d’équipe. Lorsque nous proposons aux équipes d’associés de se faire accompagner une fois par mois sur une année, par exemple, il arrive que les associés nous disent que cela prend « trop de temps ». Donc d’argent, s’entend. Mais combien de temps perdez-vous à mécommuniquer avec vos associés ? Avec vos collaborateurs ? Avec vos clients ? Combien de temps perdez-vous à trouver des solutions inadaptées alors que vos besoins ne sont pas définis ? N’est-il pas plus sage de prendre son temps avant que la crise s’annonce ?

Et puis il y a ceux qui font ce pari. Ceux qui décident de traiter les sujets en profondeur. Cela n’a rien de facile, c’est vrai, mais les solutions sont bien plus adaptées à leurs situations et donc plus pérennes. Ils sont de plus en plus nombreux chez les avocats et nous ne pouvons que nous en réjouir. Un coaching efficace se fait dans la durée pour ancrer de nouvelles habitudes. Pour ancrer le changement.

Offrez-vous cette opportunité unique, à vous, à vos équipes, à votre cabinet. Ce n’est pas du luxe. Prenez le temps d’y réfléchir…