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Donner, recevoir, demander, refuser et…

Par Emmanuelle Vignes

Derrière ces quatre verbes se cache une notion d’Analyse Transactionnelle : l’économie des signes de reconnaissance (cf. Fiche n° 13 sur les Signes de reconnaissance). Il est rare, au cours d’un accompagnement individuel ou en équipe, que la question ne soit pas abordée. En effet, nous sommes nombreux à être dans une dynamique « donner – recevoir ».

Une cliente me dit un jour : « Je ne reçois jamais de signes de reconnaissance de la part de mes associés ».  Je lui demande alors si elle a fait une demande en ce sens. Elle en fut toute étonnée : « Ah ! Parce que vous me voyez demander cela vous ! ». Oui. Tout est dans la manière…

Nous avons une « capacité à donner » :

Certains ont plus de facilités que d’autres à féliciter, remercier, à exprimer leur joie lors de la réussite d’un dossier ou d’une action constructive au sein du cabinet. D’autres ont, parfois, une tendance à exagérer le trait en renvoyant des compliments qu’ils ne pensent pas ! C’est le lieu de la mondanité, de la politesse exagérée ou, même, de l’hypocrisie. Tout est affaire de mesure et surtout, d’authenticité.

Nous avons une « capacité à demander » :

D’autres, au contraire, ont une tendance à demander souvent l’approbation des autres, leur accord, un sourire, une petite phrase encourageante. Ils manquent de confiance en eux, ils doutent. D’autres encore, ne savent pas demander et préfèrent « crever » plutôt que de demander le moindre signe de reconnaissance. Ne rien demander mène souvent à une surprotection de la personne qui développe alors des comportements tels que la suffisance, mais plus grave encore, le retrait ou l’isolement. Là encore, tâchons de placer le curseur au bon endroit.

Nous avons une « capacité à recevoir » :

Certaines personnes ont appris à recevoir des encouragements et des signes de reconnaissance positifs très tôt dans leur vie. D’autres, quand vous les gratifiez d’un compliment, le repoussent. Ils ne savent pas l’accueillir : « Tu sais, je n’ai fait que mon travail » ; « Tu plaisantes, j’ai bafouillé en pleine plaidoirie » (même si elle a été couronnée de succès !). Ces personnes là ne savent pas ou n’ont pas appris à recevoir des signes de reconnaissance spontanés, simples ou authentiques. Parfois nous ne recevons pas le compliment car nous n’accordons pas de valeur à la personne qui nous l’envoie. Notre « réservoir » ne se remplit pas.

Nous avons une « capacité à refuser » :

Savoir dire « non », lorsque ce n’est pas réaliste de dire « oui », lorsque l’envie n’est pas au rendez-vous, lorsque nous recevons une parole blessante, est une autre façon de gérer les signes de reconnaissance (alors négatifs, conditionnels ou inconditionnels). C’est le cas lorsque nous sous-estimons ou ignorons nos propres besoins ou que nous donnons plus d’importance à ceux de l’autre qu’aux nôtres. Lorsque nous acceptons de prendre un dossier alors que nous croulons sous le travail et qu’un autre pourrait le prendre. Ceux d’entre nous, qui ne nous sentons pas capables de refuser, sont alors victimes de notre crainte d’affronter l’autre.

Enfin, nous avons une capacité à « nous donner à nous-mêmes » :

Il est essentiel de ne pas attendre des autres qu’ils répondent spontanément à nos besoins, certes (cf. Demander). Mais, il est important de savoir se donner à soi-même des signes de reconnaissance pour le travail que nous avons très correctement réalisé, pour l’attitude professionnelle que nous avons su adopter, etc. C’est important pour notre propre croissance. Sans tomber dans un orgueil démesuré ! Tout est affaire d’équilibre encore une fois !

En conclusion, il est important de prendre en compte dans notre environnement professionnel, les cinq dimensions.  Pour nous, pour l’autre, dans la recherche et la mise en place de ce que certains appellent « l’intelligence collective ».

Source/bibliographie pour en savoir plus : ouvrages d’Analyse Transactionnelle dont le « Que Sais-je ? n° 1936 » de Gérard Chandezon et Antoine Lancestre.