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Dois-je me faire coacher ?

Par Emmanuelle Vignes

LA QUESTION

Avocat depuis une vingtaine d’années, A. est associé depuis sept ans. Il doit faire très prochainement un choix crucial pour sa carrière. Un ami dirigeant d’entreprise lui conseille de se faire coacher. Il a peur que cela ne lui prenne beaucoup de temps. Il n’y connait rien au coaching. Il n’a pas le sentiment qu’un coach externe au monde des avocats puisse l’aider. Il cherche des conseils.


LA REPONSE

Plusieurs questions résident dans cette démarche : qu’est-ce que le coaching ? Pourquoi choisir un coach ? Que peut-on lui demander et qu’attendre d’une telle démarche ?

De plus en plus implanté dans le monde de l’entreprise, le coaching fait timidement son entrée dans les cabinets d’avocats d’affaires. Cependant, il est encore souvent confondu avec la formation. Les avocats qui ont déjà fait appel à des coachs l’ont, le plus souvent, fait dans le cadre d’une démarche personnelle. Le coaching est à la fois une aide et une collaboration offerte à une personne (ou une équipe) lors d’une intervention ponctuelle mais le plus souvent, il s’agit d’un accompagnement vécu dans la durée. Cette aide s’inscrit dans une situation professionnelle, et/ou managériale et/ou organisationnelle .

Plus l’avocat prend des responsabilités au sein de son cabinet (senior, associé, senior associé, associé dirigeant, etc.) plus son statut est fantasmé par son entourage (personnel et professionnel) mais parfois également, par lui-même. La pression monte ! Son entourage est, paradoxalement, le moins bien placé pour l’aider à prendre une décision cruciale le concernant. Par conséquent, il ressent une profonde solitude dans certaines situations. Il peut alors très bien s’entourer d’un coach qui l’écoutera sans jugement et travaillera avec lui en dehors de tout enjeu affectif et surtout, dans une totale confidentialité.

L’avocat d’affaires exerce un métier stressant et très exigeant à bien des niveaux. Son travail lui prend beaucoup de temps et occupe une place très importante dans sa vie. Les moments où il prend soin de lui sont rares. Le travail avec un coach l’encouragera à créer ce temps, ce sas pour lui-même. Comme une respiration au moment où l’on peut se trouver asphyxié faute de temps, justement. Ce temps dédié est à définir avec le coach. Une heure par semaine ou tous les quinze jours par exemple. La durée totale du coaching pouvant prendre plusieurs mois mais aussi quelques séances. C’est à définir avec le coach lors du premier entretien.

Il y a presque autant d’acceptions de l’exercice du coaching que de coachs. Le rôle du coach ne doit pas consister à apporter une solution « sèche » qui viendrait principalement de lui. Le travail avec le coach consiste à élaborer ensemble une solution « haute couture » adaptée au coaché (son actualité, son parcours, sa demande, ses besoins, etc.) et non pas à du « prêt-à-porter».

Le coach n’a pas tant une obligation de résultats qu’une obligation de moyens. Contrairement au métier de conseil, la solution n’est pas chez le coach. Elle émerge au fil des séances de « cette alchimie que génère la relation ». Le coach ne cherche pas à créer et cultiver de dépendance avec son client. Bien au contraire, il cherche à développer son autonomie face à ses propres problématiques.

Enfin, si connaître le secteur ou le métier de son client est un avantage non négligeable, ce n’est pas un préalable indispensable pour que votre coach vous accompagne efficacement. Mieux vaut vous assurer de sa déontologie.