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Coaching et jugement

Par Emmanuelle Vignes

Le comité de mon cabinet me demande de travailler avec un coach. Il n’en est pas question. Pas question qu’un coach qui sort de « je ne sais où » juge mon travail ou me juge moi ! Et pour qu’il aille tout répéter au comité derrière mon dos, pas question !

REPONSE

Il faut relever au moins quatre des éléments qui se cachent derrière cette remarque : la demande, le contrat tripartite, la posture et le travail du coach, et enfin la confidentialité.


1 – La demande
Il est primordial pour le bon déroulement d’un coaching que vous soyez au moins partant pour la démarche sinon convaincu de son bien-fondé. Même si nous savons très bien que certains coachings sont « proposés » par les directions, tout coach qui se respecte n’entamera pas un accompagnement contre votre gré. C’est d’ailleurs, entre autres choses, l’objet de la première réunion de travail : vous faire préciser votre demande.


2 – Le contrat tri-partite
Lorsqu’un cabinet « offre » à un associé ou un collaborateur des séances de coaching, le coach s’engage à une totale confidentialité auprès du coaché. Si la demande peut être convenue entre les trois parties (le cabinet, le coaché et le coach), le contenu des séances reste confidentiel. Un « débriefing » avec la personne représentant le cabinet (associé gérant, DRH ou managing partner) ne se fera qu’avec l’accord et en présence du coaché. Vous n’aurez qu’à faire figurer ces conditions sur le contrat. Rappelons enfin que l’intervention du coach est délimitée dans le temps et qu’elle se fait avec un objectif précis.


3 – La posture et le travail du coach
Il y a autant de façons de coacher que de coachs. Néanmoins, lorsque vous choisirez votre coach, posez-lui des questions sur sa façon de travailler. Il est parfaitement acceptable (et normal) de dire les craintes que vous avez quant à l’étanchéité de vos futures discussions. Rappelons également que le coach n’est pas là pour vous juger ou pour distribuer ses bons points. Il est là pour vous donner des moyens supplémentaires d’accroitre votre performance. Il est là pour vous aider à élaborer des solutions à des problématiques qui se posent à vous. Il est là pour vous aider à prendre du recul. Vous seriez tout à fait en droit de confronter votre coach si vous sentez qu’il vous juge. Un des éléments centraux de la posture du coach est la bienveillance. Il est essentiel de pouvoir dire ses points forts mais aussi ses craintes, ses colères, ses axes d’amélioration. Sans confiance et bienveillance, pas de coaching.


4 -  Confidentialité
Dans le top 3 du palmarès des principaux freins au coaching se trouve la peur. La peur d’être jugé, la peur de ne pas arriver au résultat escompté, la peur que les propos échangés soient répétés, utilisés, déformés… Exigez une totale confidentialité ! En général, elle est d’ailleurs contractuelle. N’oubliez pas qu’un coach professionnel a un superviseur. Il est important que votre coach puisse lui décrire votre travail afin que ce dernier s’assure de son bon déroulement. Le superviseur est la seule personne pour laquelle votre travail n’est pas confidentiel, mais c’est pour votre plus grand bien. Mais le superviseur s’intéresse plus au travail que le coach fait avec vous qu'au contenu précis de vos propos ! Noms et prénoms ainsi que le nom du cabinet du client sont confidentiels en supervision. L’emploi de pseudonymes est généralement utilisé.


Je vous recommande de rencontrer le coach que vous propose votre cabinet. Dites-lui toutes vos craintes. Vous verrez bien sa réaction et, qui sait, vous aurez peut-être une bonne surprise ! Il y a peut-être une alternative au « refus en bloc » de la situation. Remplacez vos « pas question ! » par des questions…