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Focus sur les secteurs clés et tendances du marché juridique et fiscal

Par Par Yasmine Habchi et Audrey Déléris, Fed Legal

Au cours des dernières années, le monde du travail a connu un bouleversement majeur, notamment en raison de la pandémie. Ces changements ont eu des répercussions sur l’organisation du travail, la perception de celui-ci, et par conséquent les attentes des candidats s’agissant des conditions d’exercice de leur fonction, le télétravail, l’ambiance de l’équipe, les perspectives d’évolution, l’intérêt des missions et l’appétence pour le secteur d’activité. La rémunération demeure également une de leurs exigences. De fait, il s’agit toujours d’un argument d’attractivité pour les entreprises, notamment pour le recrutement de leurs juristes et fiscalistes. Notre dernière étude Fed Legal revient sur les tendances du marché dans cet écosystème.

En 2023, les équipes juridiques et fiscales ont vu leur rémunération augmenter de manière globale, bien qu’il y ait eu moins de recrutements que l’année précédente.

Les juristes spécialisés en M&A et private equity restent les profils les mieux rémunérés, et ce pour tous les secteurs d’activité. Cette pratique nécessite en effet une forte expertise que l’on trouve majoritairement chez les profils ayant été formés en cabinets d’avocats.

Le droit de la concurrence se classe en deuxième position, suivi de près par le droit fiscal qui reste une matière très rémunératrice.

Par ailleurs, les juristes en IT, propriété intellectuelle et données personnelles ont été particulièrement demandés cette année et ont donc vu leur rémunération progresser de manière significative, et ce dans tous les secteurs d’activité.

Le secteur bancaire et financier n’a pas échappé à cette croissance des rémunérations notamment pour les spécialistes en droit bancaire, structuration de fonds / asset management, capital market et regulatory.

Depuis 2022, les juristes qui ont moins de cinq ans d’expérience ont connu des augmentations salariales substantielles, créant ainsi un décalage notoire avec les profils plus expérimentés.

Une compétition accrue pour attirer ces jeunes talents a entraîné une surenchère salariale, touchant non seulement le secteur de la tech, mais également les secteurs financiers, de l’assurance et certaines industries.

À l’inverse, les juristes plus expérimentés ont vu leurs rémunérations évoluer de manière plus modérée, notamment en raison d’une plus grande stabilité dans leur entreprise.

Certains directeurs juridiques et fiscaux ont pu réévaluer les salaires de leurs équipes, afin de se conformer au mieux au marché, tandis que d’autres sont encore à la traîne.

La recherche d’un équilibre entre les équipes actuelles et les nouvelles recrues est souvent un casse-tête pour les entreprises, qui revoient parfois à la baisse les séniorités exigées lors de nouveaux recrutements en raison de contraintes budgétaires.

L’apparition de nouvelles niches risque de complexifier encore ces considérations.

En effet, au regard de l’évolution constante des réglementations, les entreprises ont été contraintes de renforcer leurs équipes en matière de compliance, engendrant le développement d’un marché compétitif dans ce domaine.

En 2024, les profils de juristes spécialisés en responsabilité sociétale des entreprises (RSE) vont être de plus en plus sollicités. Or, cette spécialité reste rare à trouver sur le marché. Et qui dit rare, dit cher ! Les entreprises vont de fait devoir se confronter à ces nouveaux enjeux, tout en trouvant des compromis pour satisfaire au mieux leurs juristes déjà en poste.

Outre ces considérations salariales, nous assistons à un réajustement du rapport de force entre le recruteur et le candidat au sein de l’écosystème juridique. La recherche de talents de qualité est complémentaire à une gestion astucieuse des prétentions salariales et ne se réduit pas uniquement à des considérations financières et autres avantages.

Les directeurs juridiques et fiscaux se doivent de trouver LES bons profils qui matcheront au mieux avec leurs équipes. En effet, le recrutement n’est pas – et heureusement ! – qu’une histoire de rémunération, de télétravail et de nouveaux titres. Le recrutement est (et devrait toujours être) une rencontre entre deux individus qui ont envie de collaborer et partager la même aventure professionnelle !