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Création de Gaillard Banifatemi Shelbaya Disputes

Par Ondine Delaunay

«Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Emmanuel Gaillard vient d’annoncer son départ du bureau parisien de Shearman & Sterling dont il était le managing partner et sans aucun doute l’associé qui facturait le plus.

À bientôt 69 ans, la star de l’arbitrage n’a pas du tout l’intention de prendre sa retraite. « Chaque année, je me donne 10 ans de plus avant d’arrêter », annonce-t-il. Mais pour 2021, ses ambitions ont un peu changé : il se lance dans l’aventure entrepreneuriale. Le 13 février prochain, il ouvrira une boutique dédiée à l’arbitrage international et au droit international. À ses côtés, la fidèle et réputée Yas Banifatemi, mais aussi Coralie Darrigade, Ximena Herrera-Bernal, Maude Lebois, Daniel Reich, Mohamed Shelbaya et Benjamin Siino. « Quatre femmes, quatre hommes », annonce-t-il avec fierté tout en précisant que toutes les classes d’âges sont représentées ainsi que les grandes régions du monde. Tous ensemble, ils fondent Gaillard Banifatemi Shelbaya Disputes. « Nous avons choisi ‘Disputes’ et non ‘Arbitration’ pour montrer que nous voulons avant tout nous positionner comme avocats et non comme arbitres », précise Emmanuel Gaillard qui n’aime pas le qualificatif de « boutique », mais préfère parler d’« institution mondiale de conseil devant les arbitres ».

Avec des bureaux à Paris, Londres et New York, le cabinet a d’ores et déjà des ambitions de développements en Asie. Dans ce format resserré, l’équipe mettra un terme aux lourdeurs administratives propres aux firmes mondiales mais surtout aux frustrations liées aux conflits d’intérêts. « Depuis trois ans, j’étais obligé de refuser deux dossiers sur trois, notamment dans le secteur oil & gas, reconnaît Emmanuel Gaillard. La firme Shearman & Sterling a des ambitions de développement et les conflits d’intérêts allaient forcément s’intensifier. » Il était donc temps. Cette annonce n’est pas sans rappeler la création de Three Crowns par d’anciens de Freshfields, il y a sept ans… Emmanuel Gaillard a-t-il finalement décidé de suivre les traces de Jan Paulsson, alors que ce dernier vient tout juste d’annoncer son départ de Three Crowns pour exercer de nouveau de manière indépendante ? La comparaison le fait sourire : «Three Crowns et Quinn Emanuel sont sur le même segment de marché, en effet. Ce sont des bons modèles de cabinets qui ont une force de frappe aussi puissante au plan international que les firmes mondiales ».

Un nouveau départ

Emmanuel Gaillard met donc un terme à 34 ans d’exercice dans la firme américaine, dont il avait créé la pratique arbitrale pour ensuite la développer à un niveau exceptionnel, imposant Paris comme centre névralgique de l’activité.

« Il est intervenu comme conseil dans de nombreux contentieux arbitraux marquants, indique le site du Club des juristes. Tant par l’ampleur des enjeux (Yukos c. Russie, Dow c. Koweït notamment) que par la valeur de précédent de la sentence (Affaire du Plateau des Pyramides, Plama, SGS, Orascom, notamment). » Toujours entre deux avions, ce professeur de droit à Yale Law School et à Harvard Law School est réputé pour ses plaidoiries, sa disponibilité et sa courtoisie. « Une star sans chichi » avait titré la LJA il y a quelques années lors de la publication de son portrait. La Covid-19 l’ayant contraint à abandonner ses déplacements, il a pris le temps de réfléchir à ce qu’il voulait vraiment pour les prochaines années tout en prenant conscience que la dématérialisation des audiences a quelque chose de bon « pour l’écologie, mais aussi pour les frais de dossiers », dit-il. Il reconnaît d’ailleurs avoir été surpris par l’efficacité des audiences à distance.

« Même les cross examination en remote ont été efficaces. »

Fort de ce constat, Gaillard Banifatemi Shelbaya Disputes investira davantage dans les outils numériques que dans ses locaux.

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