Tereza Courmont Vlkova - L’exigence du financement

Dans les bureaux lumineux de Paul Hastings, Tereza Courmont Vlkova accueille avec un regard franc, une poignée de main assurée, un sourire sincère et un joli accent qui rappelle ses origines tchèques. « Permettez-moi de nettoyer mes lunettes, mon fils y a laissé quelques empreintes de doigts ce matin », lance-t-elle avec humour. Dès les premiers instants, l’on pressent une personnalité assez chaleureuse, mais rigoureuse et surtout intensément investie dans son métier.

Originaire de République Tchèque, elle souhaitait une formation qui l’aidait à perfectionner son français, qu’elle apprend au sein d’un programme d’échange dans le sud de l’Hexagone, tout en poursuivant ses études. « Le droit me passionnait, et le fait d’étudier dans une langue étrangère renforçait ma motivation », explique-t-elle. Élève brillante, elle gravit les échelons jusqu’à intégrer le master 2 de droit des affaires et fiscalité de la Sorbonne sous la direction des professeurs Gutmann et Fages. Après une première expérience en droit fiscal qui ne correspond pas à ses aspirations, elle décide de changer de voie et de se tourner vers le droit des sociétés. Elle postule alors chez SJ Berwin, et intègre en 2012 son département financement guidée par les opportunités professionnelles.

Portée par une dynamique collective

C’est là qu’elle rencontre Olivier Vermeulen, associé en financement, qu’elle suivra finalement chez Paul Hastings en 2016 et à qui « elle doit tout ». Dès son arrivée au sein de la firme américaine, Tereza Courmont Vlkova a été frappée par l’atmosphère enthousiaste du cabinet. Elle y travaille dans une équipe animée par une volonté collective : travailler intensément, mais dans un climat qu’elle juge serein. « L’équipe m’a donné envie de me surpasser – la confiance et l’amitié que nous avons développées avec Olivier et Marc (ndlr : Marc Zerah, égale­ment associé en financement chez Paul Hastings) me sont précieuses », confie ­l’associée, encore pleine de reconnaissance près de dix ans après son intégration. Une dynamique qui se révèle féconde puisqu’en 2020, elle est nommée associée. Une promotion qui ne l’a pas freinée dans sa vie familiale. La même année, elle donne naissance à son fils Théodore. Un tournant personnel, accueilli au sein du cabinet comme « un heureux événement de la vie », sans qu’il ne modifie son engagement sur ses ­dossiers ni sa place dans l’équipe.

Tereza Courmont Vlkova est spécialisée dans le domaine des financements ­d’acquisition, financements de fonds, droit bancaire et régulation bancaire, conseillant les emprunteurs, les prêteurs et les fonds de private equity. Le financement, une matière réputée technique et aride, s’apprend selon elle « par la pratique, par la curiosité, et en posant des questions ». Dans son équipe, la formation est un pilier. « Je veux que nos collaborateurs comprennent vraiment ce qu’ils font. C’est plus intense et exigeant, mais aussi plus enrichissant ». L’organisation du travail suit une logique de complémentarité, sans compétition. « Une pyramide des âges équilibrée et une coopération entre les séniorités : c’est ce qui fait notre force », assure-t-elle.

L’associée ne tarit pas d’éloges sur ses confrères et ne manque pas de rappeler l’arrivée, en 2024, de son ami de longue date, Thibaut Lechoux, ancien de De Pardieu, qui renforce l’expertise de l’équipe sur le financement côté banques. Une évolution cohérente dans un domaine en pleine consolidation.

Résiliente et volontaire

L’équilibre est au cœur des priorités de l’avocate. Soutenue par son mari, ingénieur dans le bâtiment, et par son cabinet, elle fait de son mieux pour se réserver des moments en famille. Elle reconnaît que « le métier est fluctuant. Il y a des sacrifices, bien sûr. Mais on peut tout à fait conjuguer performance et maternité ». Elle insiste : « Les avocates d’affaires ne doivent jamais remettre en question leur expertise, leur savoir-faire ou leur valeur au travail. Si quelque chose bloque, sur les congés de maternité/paternité, le retour progressif ou l’organisation, alors c’est peut-être qu’on ne travaille pas dans la bonne structure ». Elle explique que le bureau parisien de la firme Paul Hastings, de son côté, a instauré une mesure forte : un mois de congé paternité imposé, qui illustre la modernité et l’engagement de la maison. « Les mentalités évoluent. La place du père comme soutien est mieux acceptée. Cela change tout », reconnaît l’avocate.

Tereza Courmont Vlkova mène sa carrière avec exigence et volonté. « En tant que femme, on est souvent trop consciente de ce qu’on ne sait pas encore faire. Cela alimente les inégalités. Le financement par exemple, est une discipline qui s’apprend en la pratiquant et pour cela il faut avoir une curiosité, chercher à comprendre et se faire confiance. Ce n’est pas parce que c’est nouveau que c’est difficile ou impossible ». Son message : « N’abandonnez pas. Et surtout, croyez en vous ».