Laetitia Tombarello - L’architecte du droit social
Associée au sein du prestigieux cabinet Bredin Prat, Laetitia Tombarello incarne une vision exigeante et engagée du droit social, une matière qu’elle juge à la fois technique et stratégique, tout en étant profondément humaine.
Très tôt, Laetitia Tombarello nourrit l’ambition de s’engager dans une profession intellectuellement exigeante, dans laquelle elle pourrait se rendre utile. « Un certain prisme familial aidant, je ne me voyais pas exercer un métier autrement que sous une forme libérale, où le rôle de conseil occuperait une place centrale. Ayant un profil littéraire, le métier d’avocat s’imposait assez naturellement », raconte-t-elle.
Diplômée de l’IEP de Paris et titulaire d’un DESS en droit des affaires à Paris I, elle s’oriente d’abord vers le droit des sociétés. Mais une rencontre à Sciences Po bouleverse ses certitudes : celle du professeur Jean-Emmanuel Ray, grâce auquel elle découvre le droit social. « Une matière très juridique et protéiforme, qui conjugue le conseil et le contentieux à parts égales, ce qui est assez rare », explique-t-elle. Après plusieurs stages en fusions-acquisitions puis en droit social, elle débute comme collaboratrice chez Cleary Gottlieb où elle exercera durant trois ans. « En 2006, l’activité était particulièrement intense et les besoins en droit social dans les dossiers étaient croissants. Assez rapidement, j’ai souhaité consacrer 100 % de mon temps à cette matière ; j’ai énormément appris », indique-t-elle.
Le droit social,
un choix stratégique
Si elle maîtrise déjà le volet social des dossiers transactionnels, elle ressent le besoin d’élargir son éventail de compétences. C’est alors qu’elle est contactée pour rejoindre Pascale Lagesse qui vient tout juste d’intégrer Bredin Prat pour y fonder la pratique de droit social. « C’était une opportunité rare : participer à la création d’une équipe, aux côtés d’une référence dans le domaine ». Séduite par le prestige de Bredin Prat et son ADN très proche de celui du cabinet américain qu’elle s’apprête à quitter, l’affaire est conclue en trois jours. « Les premières années ont été particulièrement intenses, mais l’ampleur et la diversité des dossiers étaient galvanisants, se rappelle-t-elle. Restructurations, négociations collectives, actionnariat salarié, mon désir de diversification s’est trouvé immédiatement assouvi. Cyril Gaillard, alors associé chez Capstan, a rejoint le cabinet un an plus tard pour développer la pratique du contentieux social, donnant un élan supplémentaire à l’équipe ». Elle sera rapidement exposée à des dossiers sensibles, comme la fermeture d’une usine près de Grenoble qui fera l’objet d’un blocage par les organisations syndicales pendant plusieurs semaines, dont elle garde un souvenir prégnant.
Ce goût des grands dossiers, Laetitia Tombarello le cultive avec conviction. Elle évoque également la fusion entre PSA et Fiat Chrysler. « Un dossier d’une ampleur inédite, mené à un rythme soutenu. En l’espace de quelques semaines seulement, deux géants de l’automobile qui employaient chacun des centaines de milliers de salariés dans le monde devaient sceller les termes d’un mariage historique. Les enjeux sociaux de cette fusion transfrontalière pour lequel nous avons conseillé PSA pendant près de deux ans étaient structurants à de multiples égards ».
Le droit social devient au sein du cabinet français un levier stratégique. « Lorsqu’un dossier le nécessite, l’expertise de l’ensemble des équipes, concurrence, fiscal, social, M&A est mobilisée. C’est l’une des grandes forces du cabinet », assure l’avocate.
Mère de deux filles, Laetitia Tombarello a été promue associée en 2017 au retour de son deuxième congé maternité. « Je n’ai jamais souffert de mon statut de femme ou de mère, mais cela ne veut pas dire que c’est facile, reconnaît-elle. Avec l’expérience, on apprend à segmenter. Cette discipline exige de l’organisation, c’est aussi le ressort d’un équilibre nécessaire ».
Transmission
et exigence des équipes
À la tête d’une équipe de 15 avocats, Laetitia Tombarello veille à cultiver l’exigence et l’exemplarité, à tous les niveaux de séniorité. « L’excellence est bien sûr une condition sine qua non, mais la gestion du temps et la capacité à durer sont de vrais enjeux dans notre métier ». Quant aux dossiers structurants, elle cite notamment celui de Casino. Un vaste plan de transformation du groupe qu’elle accompagne au quotidien depuis plus de deux ans. « Une relation unique se tisse avec le client dans ces contextes difficiles. Nous devenons partie prenante d’une stratégie de fond, dans la durée. C’est là que notre rôle de conseil prend tout son sens », souligne-t-elle.
Pour Laetitia Tombarello, l’engagement et le collectif vont de pair. « Les grands dossiers forgent, transforment, révèlent. Mais leur réussite repose avant tout sur la qualité des équipes, leur implication, leur attention au détail. L’occasion pour moi de leur rendre hommage », expose-t-elle. T