Émilie Vasseur - Le droit au cœur
Associée depuis six ans du bureau parisien de la firme Mayer Brown, Émilie Vasseur est une spécialiste du contentieux des affaires qui réussit, dans un univers par principe conflictuel, à s’imposer avec humilité et intelligence.
C’est au départ avec l’idée d’exercer la profession de juge pour enfants qu’Émilie Vasseur s’inscrit à la faculté de droit à Assas. Mais au cours de son parcours universitaire, elle découvre d’abord le droit des sociétés et son caractère ludique puis développe un vif intérêt pour la corporate governance, un mouvement venu des États-Unis qui irrigue les débats juridiques de l’époque. Après l’obtention d’un DEA en droit des affaires et contentieux en 1998, elle poursuit à l’IEP de Paris, en section économique et financière. Son stage de fin d’études la propulse au sein du cabinet Darrois Villey Maillot Brochier. Six mois d’une expérience exaltante. « Nous apprenions beaucoup des associés », raconte-t-elle. À l’époque, le cabinet ne comptait que 22 avocats, les stagiaires assistaient aux rendez-vous avec les clients. Émilie Vasseur a ainsi l’opportunité d’observer au plus près les dossiers, comme celui de l’entrée de Carlyle au capital de la holding du Figaro (Socpresse), ou encore la négociation des accords entre Pierre Bergé et la holding de François Pinault (Artémis) au sujet de la Maison Yves Saint Laurent. Elle poursuit en qualité de collaboratrice dès 2001.
Conformément aux pratiques de la maison française, l’avocate s’engage d’abord dans une activité mixte de conseil et de contentieux. Elle explique : « J’ai toujours considéré que les deux activités étaient complémentaires et se nourrissaient l’une de l’autre. La temporalité est différente. Dans le domaine du conseil, l’urgence préside aux négociations de contrats qui impliquent souvent des sociétés cotées astreintes à de fortes contraintes de confidentialité. En contentieux, le temps est plus long et permet d’approfondir tous les aspects juridiques du dossier et de construire des stratégies créatives ». La jeune avocate est volontaire et travailleuse. Au fur et à mesure des années, elle trouve sa place dans l’écosystème judiciaire qui respecte son humilité, sa justesse et son écoute. Au sein du cabinet Darrois Villey Maillot Brochier, elle est cooptée au rang de counsel, un statut créé pour elle.
Attachée à la défense et mordue de procédure civile, Émilie Vasseur décide de bifurquer vers une pratique exclusivement contentieuse. Elle choisit, quelques années plus tard, de se présenter aux élections du conseil de l’Ordre, où elle est élue en 2015. Elle s’emploie alors à resserrer les liens entre les avocats et les magistrats, à travers des colloques et des groupes de travail thématiques. Elle s’implique avec enthousiasme dans la mission qui lui sera confiée de créer les chambres commerciales internationales. « Avec quelques confrères membres du conseil de l’Ordre, nous avons, main dans la main avec les juges et magistrats du tribunal de commerce et de la cour d’appel de Paris, construit les protocoles des chambres commerciales internationales, qui seront finalement adoptés par la Chancellerie », se souvient-elle avec fierté.
Une associée épanouie
Après 18 ans au sein du cabinet Darrois, Émilie Vasseur cherche un nouvel élan. Jean-Philippe Lambert, en 2019, lui propose de développer l’équipe contentieuse du cabinet américain Mayer Brown, historiquement réputé pour sa pratique transactionnelle et fiscale. Elle adhère immédiatement au projet du managing partner. Une mission ambitieuse, mais la nouvelle associée a les épaules solides.
Elle accompagne aujourd’hui des sociétés cotées et non cotées à l’occasion de litiges liés à des opérations de fusion, d’acquisition ou de cession ou encore d’offres publiques Elle s’est par exemple illustrée dans la bataille boursière Veolia-Suez où elle a représenté la société Veolia. émilie Vasseur intervient également dans des contentieux d’actionnaires ou mettant en cause la responsabilité de dirigeants. Plus généralement, elle conseille et représente ses clients dans une grande variété de contentieux dès lors qu’ils présentent, pour eux, un caractère stratégique. Les résultats sont d’ailleurs au rendez-vous puisque l’associée a été, à trois reprises, distinguée dans le Top 40 des avocats du CAC 40, publié par Forbes France et la LJA.
Six ans après son arrivée et à la tête d’une équipe qui compte désormais10 avocats, Émilie Vasseur se dit satisfaite et épanouie. « Mayer Brown est un cabinet très moderne dans son management, avec un fort niveau d’exigence et une magnifique ouverture sur l’international » explique-t-elle.
Une vie familiale riche
Avec le recul, Émilie Vasseur considère que le métier d’avocat offre une grande flexibilité qui lui a permis de concilier vie professionnelle et vie familiale. « J’ai pu être présente à la plupart des sorties scolaires », dit la mère de trois enfants dans un sourire. Si son mari, également avocat, prend sa part dans leur éducation, elle a aussi su adapter son activité dans le jeune âge de ses enfants pour réussir à concilier ses impératifs personnels et l’exigence de son métier. Elle n’hésite pas à dire avoir complètement coupé pendant ses longs congés maternité. Des pauses indispensables qui lui auront aussi permis de prendre chaque fois de la hauteur de vue et de poser un regard stratégique sur les étapes suivantes de sa carrière.