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DPJA : un ego collectif

Par LA LETTRE DES JURISTES D'AFFAIRES
Paru dans La Lettre des Juristes d'Affaires Magazine n°58 - Janvier / Février 2019
Par Aurélia Granel
Reportage photographique : Mark Davies

Créé en 2014, Dethomas Peltier Juvigny & Associés a trouvé sa place dans le paysage parisien des cabinets d’affaires. Désormais composée de sept associés, la structure s’affirme comme une alternative sérieuse aux plus grands noms de la place. Au-delà d’un savoir-faire historique en droit de la concurrence, en droit boursier et en contentieux, l’équipe a su se développer en M&A et se repositionner en restructuring.

L’histoire commence en janvier 2014, lorsque les équipes d’Arthur Dethomas et François Kopf fusionnent avec celles de Frédéric Peltier et d’Olivier de Juvigny. Les premiers, qui s’étaient rencontrés dix ans auparavant à la Conférence du barreau de Paris, avaient fondé un an plus tôt le cabinet Dethomas Kopf, spécialisé en contentieux financier, droit pénal des affaires et restructuring. Les seconds étaient issus du cabinet Viguié Schmidt Peltier Juvigny, réputé pour son savoir-faire mais aussi pour sa grande discrétion. « J’avais croisé Arthur Dethomas sur un dossier, se remémore Frédéric Peltier, et j’avais trouvé sa plaidoirie brillante. À l’issue de l’audience, nous nous sommes retrouvés pour parler du marché et du métier. Le rendez-vous, qui aurait dû être bref, a finalement duré près de cinq heures. » L’aventure est alors lancée. Ce rapprochement permet à la boutique d’allier les spécialités du contentieux, du droit pénal des affaires et du restructuring à celles du droit de la concurrence et du droit boursier.

Ancien premier secrétaire de la Conférence, spécialisé en contentieux boursier et financier, ainsi qu’en droit pénal des affaires, Arthur Dethomas a débuté chez Salans en 1999, avant de rejoindre Cotty Vivant Marchisio & Lauzeral en 2004. Il en devient associé trois ans plus tard. De leur côté, les deux quinquagénaires ont une réputation déjà très établie. Ancien associé de Rambaud Martel, Olivier de Juvigny fait partie des meilleurs avocats de la place en matière de contrôle des concentrations et de contentieux des pratiques anticoncurrentielles, en droits français et européen. Quant à Frédéric Peltier, sa technicité n’est pas non plus à démontrer. Adjoint de direction de la Banque de France, de 1987 à 1991, puis responsable des activités de banque d’affaires et de haut de bilan à la direction juridique et fiscale de la BNP, entre 1991 et 1996, ou encore associé des cabinets Darrois Villey Maillot Brochier et Clifford Chance, il intervient en M&A et en contentieux boursier. On l’a par exemple remarqué sur la fameuse affaire Altran, sur le dossier Courtepaille, sur l’OPA d’Amboise sur Altamir cette année, mais aussi sur la restructuration de Fraikin. Et à ses heures perdues, il rédige des ouvrages ! Il a, par exemple, récemment publié Le Procès de l’argent (éd. Albin Michel), imaginant un procès où l’argent est accusé.

À l’occasion de la création du cabinet, Didier Fornoni et Thibaut Reymond sont cooptés au rang d’associés. Le premier est spécialisé en opérations de marché, fusions-acquisitions et restructuration de capital de sociétés cotées, tandis que le second développe une expertise en droit de la concurrence : contrôle des concentrations, pratiques anticoncurrentielles et distribution.

Une remise en cause soudaine mais bénéfique

Installés au 48 rue Cambon, les six associés du cabinet sont alors assistés d’une dizaine de collaborateurs. Le succès est au rendez-vous et les clients se targuent de les avoir soutenus depuis leurs débuts. En juin 2015, Benoit Marpeau, alors associé de CVML, rejoint à son tour le cabinet pour développer l’offre corporate et se positionner sur des opérations de fusions-acquisitions et d’investissement, impliquant des sociétés cotées et non cotées. « Nous ne sommes pas un one-stop shop, ni un cabinet de process. Nous sommes un cabinet de clients : nous conseillons des groupes français et étrangers, leurs dirigeants et des fonds d’investissement sur des opérations complexes de droit des affaires, en construisant une stratégie sur plusieurs années », explique Arthur Dethomas, qui retrouve à cette occasion un ancien de chez CVML avec lequel il avait créé des liens de proximité.

Quelques semaines plus tard, après le départ de Didier Fornoni pour développer l’activité droit boursier du bureau parisien de Dentons, le cabinet s’apprête pourtant à affronter une tempête : François Kopf annonce son départ pour créer la pratique restructuring de Darrois Villey Maillot Brochier. « Nous avons été surpris, reconnaît Frédéric Peltier. Il s’agit d’un choix personnel… ». Un départ qui sera finalement un facteur de cohésion : « Dix-huit mois après sa création, nous nous sommes interrogés sur le modèle du cabinet et sur nos aspirations respectives, et nous avons décidé à l’unanimité de continuer tous ensemble, souligne Benoit Marpeau. Le fait qu’une structure comme Darrois vienne chercher un associé pour porter l’une de ses pratiques démontrait que le cabinet était capable de faire émerger des talents incontournables sur la place. Individuellement, nous avons choisi le collectif. »

Et Dethomas Peltier Juvigny & Associés continue son chemin avec détermination. En construisant sur la solidité de ce qui a fait leur marque : la collégialité. Car si les associés ne sont pas tous de la même génération, les décisions sont toujours prises en commun. « Aucune matière ne prime sur une autre, et il n’y a pas non plus de rapport dominant/dominé, souligne Ning-Ly Seng, qui a rejoint le cabinet en 2016, après avoir exercé durant douze ans chez Bredin Prat et Cravath Swaine & Moore. Il était important pour moi de rejoindre un cabinet intergénérationnel, intervenant sur des matières différentes mais complémentaires, afin d’éviter de s’éparpiller. » Et Benoit Marpeau d’ajouter : « Aucun associé ne dépend des autres dans son activité, ce qui donne à chacun de nous une grande liberté. C’est cette indépendance qui renforce notre adhésion au collectif. Le fait que certains associés soient plus connus que d’autres n’a aucune conséquence au quotidien entre nous, sur la gestion du cabinet par exemple. ». Frédéric Peltier l’affirme haut et fort : « Nous sommes des pairs, il n’y a pas de pères. Les associés du cabinet sont tous sur un pied d’égalité et nous y veillons farouchement. » L’organisation du travail favorise cet esprit d’équipe. Pas de chasse gardée, pas de département, pas de silos. Les collaborateurs se nourrissent de l’expérience de plusieurs associés. « L’avocat idéal n’existe pas, estime Benoit Marpeau. Faire travailler nos collaborateurs avec un seul associé les priverait d’un tas de qualités. » Quant aux associés, ils partagent toujours un dossier avec l’un des six autres et n’hésitent pas à aller se voir plaider les uns les autres, pour se soutenir. «DPJA est un cabinet où les équipes sont très resserrée, elles s’intéressent aux dossiers des autres, explique Thibault Reymond. Nous avons assurément un ego collectif. »

De nouveaux associés

L’année 2018 est synonyme de croissance. Récemment installée au 49 avenue de l’Opéra, dans des locaux offrant une vue imprenable sur le monument, la structure dispose désormais de la place nécessaire pour accueillir de nouveaux profils.

Ning-Ly Seng a été cooptée au rang d’associée en début d’année pour adjoindre son expertise au duo de l’équipe concurrence.

« Je ne l’ai jamais perçue comme une concurrente, mais comme un soutien : nous sommes plus forts en étant plus nombreux », assure Thibault Reymond. L’équipe compte parmi ses clients Vinci, Canal+ Vivendi, ou encore Casino.

« Nous essayons de donner des conseils stratégiques à un champion par secteur économique, explique Olivier de Juvigny. Nous avons une gestion des conflits d’intérêts qui est plus stricte que d’autres cabinets. » Et la nouvelle associée s’est déjà fait remarquer auprès d’Engie et de GreenYellow, filiale énergie du groupe Casino, lors de la création de la joint-venture Réservoir Sun.

Convivialité et ambition

Au-delà de sa visibilité en contentieux stratégiques et en droit de la concurrence, il ne restait plus qu’à poursuivre le développement de la pratique M&A et à recréer une offre en restructuring. Six mois après la cooptation de Ning-Ly Seng, Dethomas Peltier Juvigny & Associés fait d’une pierre deux coups en accueillant Nicolas Partouche et son équipe composée de quatre collaborateurs. L’associé a effectué l’intégralité de sa carrière chez Jeantet, il est l’une des étoiles montantes du petit milieu du restructuring. Il intervient ainsi sur des opérations de fusions acquisitions et de haut de bilan impliquant des sociétés cotées et non cotées, mais également sur des dossiers de renégociation de dette et de procédures collectives, en conseillant des entreprises en difficulté, des repreneurs, des mandataires de justice ou encore des dirigeants. Il travaille, par exemple, sur le dossier Aristophil. Parmi ses clients : Compagnie des Alpes, BPCE, Greenflex ou encore Sopexa.

Aujourd’hui, Dethomas Peltier Juvigny & Associés est composé de sept associés, d’une counsel et de quinze collaborateurs. L’importante charge de travail est compensée par un grand respect de la personnalité de chacun et par une bonne ambiance, la double marque de fabrique du cabinet. Le vendredi soir est d’ailleurs synonyme de pot réunissant l’ensemble des membres du cabinets, associés, collaborateurs, staff et stagiaires. « Nous sommes très exigeants, mais nous avons réussi à construire une équipe soudée de très grande qualité, ce dont nous sommes très fiers », se réjouit Arthur Dethomas. Les récents dossiers témoignent de ce succès. Les équipes sont, par exemple, intervenues sur la prise de contrôle de Vivendi par Bolloré, et elles ont épaulé SFAM sur sa prise de participation chez Fnac Darty à l’occasion de l’entrée au capital d’Ardian au capital du courtier. Elles ont également conseillé Casino lors de la création de la centrale d’achat Horizon International avec Auchan, Schiever et Metro. En contentieux, le cabinet est aussi intervenu aux côtés d’Amundi Immobilier, dans un dossier faisant suite à l’acquisition de Cœur Défense, ou encore pour Bain Capital, Blackstone et Investcorp, dans un contentieux stratégique de restructuration de dette. La prochaine étape ? Continuer sur la même lancée. « Nous n’avons pas la volonté d’additionner les associés ou les matières, annonce Benoit Marpeau. Si nous nous agrandissons, cela sera bien évidemment sans compromis sur la qualité. Il faudra des femmes et des hommes qui partagent notre ambition et nos valeurs d’indépendance et de collégialité. » Le droit social pourrait être l’un des prochains développements.

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