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Coralie Oger - L’énergie du M&A

Par Laura Dray

Managing partner et associée en M&A chez Scotto Partners, Coralie Oger revendique plus de vingt ans d’expertise en fusions-acquisitions, private equity et restructurations, tant sur des dossiers nationaux que transfrontaliers. Rencontre avec une avocate d’affaires à la trajectoire aussi rigoureuse qu’engagée.

Dans les bureaux parisiens du cabinet Scotto Partners, à deux pas des Champs-Élysées, Coralie Oger reçoit avec un sourire franc et un regard calme. Élégante, dans une longue robe, maquillée avec soin, elle revendique une féminité assumée, sans jamais la dissocier de la rigueur technique.

« Pourquoi ai-je fait du droit ? Pour défendre la veuve et l’orphelin », confie-t-elle d’entrée de jeu, avec un rire sincère et un regard honnête. À ses débuts, elle hésite mais c’est dans les opérations M&A qu’elle perçoit le plus fort levier d’impact. Elle s’engage par ailleurs dans le pro bono, en intervenant pour Droits d’urgence bénévolement ou en faisant des permanences pénales, tout en travaillant quai d’Orsay

Son parcours débute ainsi en 2001 chez Latham & Watkins, avec une expérience d’un an à Orange County, aux États-Unis. Elle rejoint ensuite le cabinet FTPA en 2009, devient counsel en 2011 puis associée un an plus tard. Arrivée chez Scotto en 2021, elle retrouve Adrien Badelon et Jérôme Commerçon, anciens camarades de Latham & Watkins et se laisse convaincre par la solidité du cabinet. Elle y voit l’opportunité de développer une pratique M&A stratégique et ambitieuse.

Coralie Oger renforce également ­l’esprit d’équipe, consciente que chacun est à sa place. Plutôt que de capter la lumière seule, elle la partage et la diffuse. Aujourd’hui, l’équipe M&A compte six collaborateurs et le cabinet dénombre également quatre associés en private equity, deux associés en fiscalité et un en droit social. Actuellement, la structure cherche à recruter. « Ce cabinet valorise aussi bien les nouvelles recrues que la promotion interne. Claire Revol-Renié, Isabelle Cheradame, Adrien Badelon, ou Charlotte Hazan sont arrivés très jeunes et ont grandi ici », note-t-elle.

Une ascension professionnelle progressive et durable

Parmi les moments clés de sa carrière, elle cite d’abord son passage chez Latham & Watkins, où elle garde un souvenir marquant de son expérience américaine. « Charles Ruck, avec qui j’ai travaillé est une star dans son domaine. Cela m’a donné une vraie perspective internationale ». Puis vient son arrivée chez FTPA, dans une équipe technique, soudée, sur des dossiers variés, auprès de figures comme Serge-Antoine Tchekhoff et Philippe Pochet. « Ils ont conservé une modernité rare », dit-elle.

Sur le plan opérationnel, certains dossiers ont laissé une empreinte durable. Elle se souvient d’une opération impliquant 35 juridictions : « Le matin à Tokyo, le soir en Californie. Un conglomérat américain rachetait un industriel français comprenant 35 cessions. Quand vous terminez un deal comme celui-ci, vous êtes fière ». Autre dossier marquant : un spin-off pharmaceutique, l’un de ses premiers dossiers chez Latham & Watkins, mobilisant une cinquantaine d’inter­venants et quinze pays, dans un contexte économique tendu. « Gérer les délais, les urgences, la pression, tout cela fait partie du métier », lance-t-elle.

Enfin, sa prise de fonction comme managing partner au 1er janvier 2024, représente une étape symbolique. Elle y voit une marque de confiance de ses associés et de Lionel Scotto, fondateur du cabinet du même nom qui lui a passé le relais : « C’est une nouvelle phase. Le cabinet adopte une position plus large en M&A, au-delà du seul management package. » La volonté est claire : consolider, structurer, élargir. Avec les récentes nominations de Bertrand Thibault en droit social et de Charlotte Hazan en private equity, une nouvelle dynamique est en marche.

Mère et femme
d’affaires

Managing partner chez Scotto Partners et mère de deux filles, elle incarne cette génération de femmes qui refusent de choisir entre carrière et maternité. « Il était hors de question, que cela entre en ligne de compte dans ma carrière et que ça devienne un frein », assure-t-elle. Dans un secteur exigeant comme le M&A, où les deals se vivent souvent en flux tendu jusqu’au closing, le défi est réel. D’autant que les femmes y sont encore largement sous-représentées. « Ce n’est pas impossible, mais c’est difficile, reconnaît l’avocate. C’est une matière cyclique, qui ne laisse que peu de répit. Dans ce métier, les femmes peuvent vite se décourager. L’auto-censure reste très présente ». Son secret ? Une organisation millimétrée et un soutien familial sans faille. « Il faut être très organisée et avoir un conjoint compréhensif ».

À celles qui hésitent, Coralie Oger adresse un message clair : « Ce qui vous rend heureuse doit guider vos choix. Il faut prendre sa place. Les jeunes collaboratrices doivent oser. Il ne faut pas se brider. Ce n’est pas simple tous les jours. Mais si vous êtes en phase avec ce choix, alors il faut aller jusqu’au bout. Être mère m’épanouit énormément. Mon travail aussi ». Elle est la preuve vivante que non, décidément, rien n’est impossible. T