Anne-Sophie Noury - La force tranquille
À 43 ans, l’associée en charge de la pratique
restructurations et entreprises en difficulté
de White & Case a déjà eu une carrière exemplaire.
Anne-Sophie Noury est une femme de dossiers et de cœur, qui a appris à relever les défis pour en sortir enrichie.
À première vue, difficile d’imaginer la force et la détermination qu’elle porte en elle. Des yeux transparents et apaisants, un sourire doux, une voix calme et posée et une démarche élégante. Anne-Sophie Noury est singulière dans la profession, elle n’a pas le profil de l’avocate combattante classique. Et pourtant… La matière dans laquelle elle s’est imposée, le restructuring, est un combat de tous les jours où il faut savoir allier le sens de la négociation et un pouvoir de conviction nécessitant écoute, courage et une certaine dose de bienveillance. Ce sont assurément les qualités de l’associée de White & Case, qui revendique un leadership féminin.
Il faut dire que l’avocate est également une mère épanouie de cinq enfants. Elle a donc une propension au travail en équipe. « Mais la maman reste à la maison, annonce-t-elle dans un éclat de rire. Mes collaborateurs et moi travaillons sans cesse ensemble. Je les écoute. J’ai fédéré autour de moi une équipe solide avec laquelle nous avons traversé des tempêtes ». L’utilité et la transmission sont importantes pour elle.
« J’ai beaucoup progressé dans ma posture d’associée et dans mon management, notamment grâce au coaching », indique-t-elle en citant la coach Véronique Sitbon comme référence. « J’ai éclos ces dernières années, après un parcours formateur où j’ai développé mon assertivité en tant que femme dans ce milieu qui était historiquement masculin ».
Première de classe
Forte d’un parcours d’élite, Anne-Sophie Noury a longtemps eu le syndrome de la première de classe. Issue des prestigieux bancs d’Henry IV, la jeune femme excelle dans ses études. DESS de fiscalité internationale (Paris II, 2004), DEA de droit des affaires (Paris II, 2005), elle est également diplômée d’HEC. « J’étais douée pour diagnostiquer et synthétiser, mon travail était toujours considéré comme exigeant. Ce sont les rencontres que j’ai faites qui m’ont permis d’approcher les dossiers différemment », raconte-t-elle tout en évoquant la fameuse administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux, ou encore le banquier François Guichot-Pérère, qui l’ont précieusement conseillée dans les étapes clé de sa carrière.
Ses premiers pas en cabinet se font en 2005 chez Linklaters. Après avoir travaillé sur le dossier Eurotunnel pour le compte de l’agent des prêteurs, elle choisit de rejoindre Weil Gotshal & Manges. Elle débute le 15 septembre 2008, le jour de la faillite de Lehman Brothers. Si la firme américaine est tout de suite positionnée comme conseil de la banque, ce sont surtout les conséquences de la crise financière et économique que l’équipe parisienne doit traiter. Et particulièrement les LBO en difficultés qui en résultent. « Un véritable rouleau compresseur », se souvient Anne-Sophie Noury. L’équipe de collaborateurs monte vite en compétence sur les dossiers en totale autonomie. Vu son potentiel, l’avocate se voit confier à 28 ans la restructuration de RLD. 250 M€ de dette à renégocier. À 35 ans, elle se considère alors prête à devenir associée. On lui demande selon les codes de patienter.
Libre
Anne-Sophie Noury ne l’entend pas de cette oreille et saisit l’opportunité que lui propose BDGS : rejoindre le cabinet comme associée pour fonder la pratique restructuring. Elle se lance, en 2016, avide de cette liberté d’actions de traiter ses dossiers pour le compte d’une clientèle qu’elle s’est créée. Elle s’impose alors comme conseil de Bpifrance sur la restructuration emblématique de CGG. Elle est même cooptée equity partner l’année suivante. Toujours en quête de progression, elle se rend rapidement compte qu’il lui manque quelques matières connexes pour pouvoir s’imposer sur de grands dossiers, notamment le financement et le private equity.
« Mon cœur m’a ramené chez Weil Gotshal en 2019 », relate-t-elle. Philippe Druon et Fabienne Beuzit viennent tous deux de quitter la firme, cette fois-ci la place d’associée est pour elle. Difficile de s’imposer dans son nouveau rôle, les anciens réflexes ont la vie dure. Une période délicate pour l’avocate dont elle parle du bout des lèvres. « Comme je dis toujours à mes clients, il faut trouver de la richesse dans chacune des épreuves pour faire ses preuves face à ce que nous traversons, ne pas se replier sur soi et aller chercher dans ses équipes et sur le terrain, les clés pour sortir des difficultés », explique-t-elle. Puis, Saam Golshani s’est présenté.
L’associé en charge de la pratique private equity/restructuring de White & Case veut asseoir une pratique restructuring de premier plan pour accompagner les débiteurs, les investisseurs et les créanciers financiers dans les dossiers de procédure collective et de renégociation de dette. Et il compte bien sur Anne-Sophie Noury pour diriger l’équipe.
Alors qu’Alicia Bali vient tout juste d’être cooptée associée, Anne-Sophie Noury rejoint White & Case en août 2024, accompagnée de son collaborateur senior, Julien Faure. L’alchimie se fait immédiatement avec l’ensemble des associés et collaborateurs. Son équipe restructuring compte aujourd’hui 16 avocats et les dossiers s’enchainent. Devenir partner d’une firme américaine, à six mois de grossesse de son cinquième enfant, le cas est inédit en France, fait-on remarquer à l’avocate. « Rien n’est impossible », répond-elle, taquine.