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3 questions à Yves Mahiu, président de la Conférence des bâtonniers : "Nos relations avec les journalistes sont constantes et de bonne qualité"

Par LJA - LETTRE DES JURISTES D'AFFAIRES
Yves Mahiu, président de la Conférence des bâtonniers

La 4e université d'été de la Conférence des bâtonniers, qui a eu lieu cette année à Biarritz, vient de s'achever. Retour sur l'évènement avec Yves Mahiu, président de la Conférence des bâtonniers depuis janvier 2016.


L'université d'été des bâtonniers portait cette année sur la communication des bâtonniers et des ordres. La défiance des avocats envers la communication est-elle désormais levée, y compris de la part des instances ordinales ?

Yves Mahiu : Il n’y a pas de défiance de la part des bâtonniers et des Ordres d’avocats à communiquer.
Au contraire, les Ordres, qui participent à la vie économique et sociale de la cité, ont toujours fait connaître leurs actions ; nous ne vivons pas dans une tour d’ivoire. Mais la communication est un art qui ne s’improvise pas et qui demande une certaine compétence.
La Conférence des bâtonniers organise depuis de très nombreuses années des sessions de formation à l’intention des bâtonniers : ceux-ci doivent savoir maîtriser l’art de la communication. Ces formations sont d’autant plus nécessaires qu’il faut s’adapter à de nouvelles techniques et savoir ainsi intervenir sur Twitter ainsi que sur les autres réseaux sociaux, par exemple.
Cependant, vous avez raison de souligner que nous pouvons parfois nous montrer méfiants, en réalité attentifs, face à la communication des avocats eux-mêmes, et non pas de leur représentant. Ainsi, depuis peu, il est permis aux avocats de recourir à une certaine forme de publicité, pour communiquer sur leur savoir-faire, permission révolutionnaire si l’on se rapporte à quelques décennies en arrière.


Les bâtonniers doivent être particulièrement attentifs à ce qu'aucune dérive ne se produise.



D’autres avocats, à l’occasion d’affaires médiatiques, et on l’a vu récemment à la suite des attentats de Nice, se mettent en avant, en recherchant une publicité flatteuse qui ne correspond pas toujours à la réalité. Les bâtonniers, dont le rôle est de contrôler le respect de la déontologie, doivent être à cet égard particulièrement attentifs à ce qu’aucune dérive ne se produise.


Une partie des travaux était consacrée à la communication interne. Y-a-t-il des initiatives menées par certains barreaux susceptibles d'inspirer les autres ?  

Y. M. : La communication des Ordres, en interne, est extrêmement importante. Elle prend la forme de circulaires, de newsletters, d’organisation de petits-déjeuners et aussi d’évènements plus solennels, tel que les rentrées de la Conférence du jeune barreau.


Il n’est jamais bon que les confrères se posent la question de savoir ce que fait l’Ordre ou leur bâtonnier…



Il n’est jamais bon que les confrères se posent la question de savoir ce que fait l’Ordre ou leur bâtonnier… Le Bâtonnier de Paris, récemment, a rendu publique les séances du conseil de l’Ordre, en les filmant et en les diffusant sur les réseaux sociaux.
L’université d’été de la Conférence des bâtonniers permet aux bâtonniers d’échanger sur leurs expériences en matière de communication ; c’est également l’occasion de réfléchir à la mutualisation de notre communication : plutôt que de communiquer au niveau d’un seul barreau, ne doit-on pas envisager une communication au niveau d’une région ou d’un bassin économique ? Nous encourageons les Ordres à prendre de telles initiatives.


Une seconde partie traitait des journalistes et des médias. Quel rapport les Ordres de province entretiennent-ils avec ces derniers ?

Y. M. : Les relations que les Ordres entretiennent avec les médias sont constantes et sont généralement de bonne qualité. D’ailleurs, journalistes et avocats sont confrontés à des problématiques communes : l’indépendance, le secret professionnel ou la protection des sources.


Les relations que les Ordres entretiennent avec les médias sont constantes et sont généralement de bonne qualité.



À cet égard, il est bon d’échanger car en cette période de lutte contre l’insécurité, nous savons bien que l’État adopte une politique qui est attentatoire à certaines libertés fondamentales : on l’a vu avec la loi sur le renseignement ou celle sur la lutte contre le terrorisme et la grande criminalité.
Les journalistes, comme les avocats doivent être vigilants. Les deux professions échangent fréquemment entre elles : ainsi, certains barreaux ont institutionnalisé des rencontres avec les clubs de la presse de leur région, initiative que la Conférence des bâtonniers encourage bien évidemment.

Conférence des bâtonniers université d'été