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Antoine Gendreau, associé co-fondateur d’Osmose

Par Chloe Enkaoua
Cet article a été publié dans la LJA 1246, 29 févr. 2016

Antoine Gendreau se définit comme un pur produit CMS Bureau Francis Lefebvre. Ce qui ne l’a pas empêché, après 25 années de bons et loyaux services, de partir au printemps dernier avec une poignée de collaborateurs poser la plaque de sa propre structure, Osmose. Portrait.

Au terme "défi", Antoine Gendreau préfère celui de "projet". « J’ai toujours fonctionné par projets, y compris dans ma vie personnelle, assure cet associé spécialisé en IP/IT, qui confie s’être mis au piano et au golf sur le tard. L’important est de rechercher sa propre identité au travers de ce que l’on fait et de s’y investir totalement le moment venu, dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle. »


L’important est de rechercher sa propre identité au travers de ce que l’on fait et de s’y investir totalement le moment venu, dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle




Juste avant de partir fonder le cabinet spécialisé en propriété intellectuelle, nouvelles technologies, contrats commerciaux et droit économique Osmose en avril dernier, l’ex-associé de CMS Bureau Francis Lefebvre avait d’ailleurs hésité à mêler l’utile à l’agréable et à bâtir une toute nouvelle carrière autour du jazz ou du vin, par exemple. Ses deux enfants désormais autonomes, le risque était permis. « Il arrive toujours un moment où l’on se pose des questions : est-ce que je quitte tout pour faire autre chose ? Est-ce que je fais la même chose, mais autrement ? » L’avocat de 53 ans a finalement retenu cette deuxième option. Mais il l’affirme, son choix n’a nullement été guidé par la facilité, ni même par une quelconque divergence de point de vue avec les associés du cabinet dans lequel il a évolué pendant 25 ans. « Ce que je voulais, c’était une nouvelle étape dans ma carrière, un projet qui me serait propre. »

ADN commun
Avant de revêtir la robe, Antoine Gendreau avait fait ses premiers pas professionnels en qualité de juriste au sein d’une société de services et d’ingénierie informatique pendant deux ans. Mais s’il avait écouté ses envies, ce natif d’Angoulême serait aujourd’hui un homme de lettres fort d’un parcours en hypokhâgne… Le pragmatisme l’a finalement emporté sur la passion, et après avoir commencé ses études de droit en Allemagne, l’étudiant a décroché un DEA de droit international privé à Paris I. La suite a pris des allures de promenade de santé : entré au sein du département Contrats du cabinet français CMS Bureau Francis Lefebvre en 1990, il a été nommé associé de la structure dix ans après et s’est vu confier la tête de l’équipe spécialisée en propriété intellectuelle, nouvelles technologies et droit commercial. Un mandat au conseil de surveillance du cabinet plus tard, en 2015, il co-fonde Osmose aux côtés d’une équipe avec laquelle il travaillait depuis treize ans : Mélanie Comert, Alexandra Le Corroncq et Alexis Vichnievsky, passés associés pour l’occasion, Lauren Bonnet et Lucie Corvisier.


En 2015, il co-fonde Osmose aux côtés d’une équipe avec laquelle il travaillait depuis treize ans



Six avocats presque tous dédiés à l’IP/IT, contrats commerciaux et droit économique – Mélanie Comert est spécialisée en Réglementation –, qui ont depuis plusieurs années développé un esprit d’équipe à toute épreuve et un « ADN commun ». « Je ne souhaitais pas entrer dans un cabinet avec un conglomérat de personnalités, mais créer mon propre environnement avec des personnes avec lesquelles j’ai l’habitude de travailler et avec qui je partage une complicité, explique Antoine Gendreau. D’où notre volonté de trouver un nom qui ne soit pas celui des fondateurs. "Osmose" nous est venu naturellement ; nos synergies se retrouvent aussi bien dans nos pratiques et nos méthodes que dans notre relation avec nos clients. »

Redistribuer les expériences
Antoine Gendreau n’est pas peu fier que beaucoup de ses clients, et pas des moindres – Coca-Cola, Picard, Saupiquet, McDonald’s,... –, l’aient suivi dans l’aventure. « Ils l’ont fait spontanément et cela a été un grand facteur d’encouragement pour nous » , se félicite-t-il.


L’associé rejette en bloc le cliché de l’avocat belliqueux comme argument de vente



La lourdeur d’une grosse structure en moins, l’associé assure que les rapports avec les clients sont aujourd’hui d’une fluidité totale et rejette en bloc le cliché de l’avocat belliqueux comme argument de vente. « Notre métier est parfois perçu comme un état de confrontation incessant, mais ce n’est pas le cas. Je le vis davantage comme un échange pour convaincre l’autre, que cela soit le client ou le confrère. Les clients sont las de cette image de l’avocat querelleur. Ils ont besoin de quelqu’un avec qui ils peuvent échanger des points de vue et d’un rapport de proximité. » L’objectif aujourd’hui ? « À court terme, recruter des collaborateurs afin de gérer notre charge de travail. Mais surtout, rester des avocats spécialisés et faire ce que l’on sait faire. Le but n’est pas de développer un énième cabinet pluridisciplinaire » , indique Antoine Gendreau, qui n’exclut pas de nouer au fil du temps des partenariats informels avec d’autres cabinets afin de compléter l’offre d’Osmose. L’avocat souhaite également continuer à mettre en pratique les apprentissages acquis au cours de sa carrière, que cela soit son expérience de juriste, qui lui a permis de « mieux percevoir la condition professionnelle en entreprise et de mieux appréhender le métier des clients » , ou les leçons retenues au contact de ses confrères. L’associé se souvient notamment d’un dossier en arbitrage au cours duquel son contradicteur lui a fait prendre conscience de l’importance qu’il y a à quantifier un préjudice… « Avoir raison sur le plan technique génère certes une grande satisfaction intellectuelle, mais le plus important, c’est de faire gagner du temps et de l’argent à son client, reconnaît- il. C’est aujourd’hui une obsession dans tous les contentieux que je traite. J’essaye d’en faire profiter tant les équipes que mes clients. » Et de conclure : « L’avocat a également une fonction de redistribution des expériences ».








Osmose
Date de création du cabinet : avril 2015
Nombre d’associés : 4


Cet article a été publié dans la LJA 1246, 29 févr. 2016
Osmose Gendreau managing partner