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LE TOP 40 des AVOCATS DU CAC 40

Par LA LETTRE DES JURISTES D'AFFAIRES

Pour la troisième édition de cette enquête, publiée par Forbes en partenariat avec la LJA, il aura fallu deux mois pour investiguer auprès des directeurs juridiques et secrétaires généraux des entreprises composant l’indice phare de la place de Paris. Avec pour résultat, un top 40 qui a bien évolué par rapport à l’an passé.

 

Le Comité de Pilotage 

Florence Henriet,  pionnière car première directrice de la communication en France d’un cabinet d’avocats d’affaires international. Indépendante depuis dix ans, elle est connue pour ses écrits, ses interventions publiques et ses actions confidentielles auprès des décideurs juridiques. Auteur du « Guide des cabinets d’avocats d’affaires », elle est associée à différents think tanks et évènements.

 Ondine Delaunay,  rédactrice en chef des parutions de la Lettre des Juristes d’Affaires (LJA), rendez-vous des directeurs juridiques, avocats et juristes. En 1990, la LJA fut la première publication dédiée aux cabinets d’avocats d’affaires. Sa lettre hebdomadaire fait un point des tendances du marché. Bimestriel, LJA Le Magazine propose des analyses, reportages, enquêtes, dédiés au secteur du droit des affaires.

 Ghislain de Lagrevol,  fondateur des Business & Legal Forums, premier think tank participatif de l’entreprise et du droit. Avec plus 5 800 participants, les Business & Legal Forums rassemblent les entreprises, pouvoirs publics et conseils pour faire évoluer leurs pratiques professionnelles. Auparavant, il a été juriste à La Croix Rouge, dans un groupe bancaire et secrétaire général d’un groupe de presse professionnelle.

Méthodologie. Cette enquête a été conduite du 27 mars au 29 mai 2023 auprès de toutes les entreprises du CAC 40. 78 % d’entre elles ont répondu, en progression de 2 points par rapport au classement de l’année dernière.

 

L’édition 2023 du top 40 des avocats du CAC 40 a permis de présélectionner 104 noms d’avocats ou d’avocates présentés par les directeurs juridiques et secrétaires généraux comme ayant bénéficié de leur confiance cette année. Quarante d’entre eux ont reçu le plus grand nombre de voix et intègrent le listing final. Parmi ceux-ci, 15 nouveaux noms, dont plusieurs quarantenaires. Car c’est bien le principal enseignement de cette enquête : les jeunes associés ont désormais gagné leurs galons auprès des grands groupes. Preuve en est, le fameux pénaliste Antonin Levy, 42 ans, qui se hisse sur le podium en atteignant, pour la première fois, la troisième place du classement final. Il est d’ailleurs suivi de près par Clémence Fallet, associée corporate, qui vient tout juste de passer la barre de la quarantaine. On notera également les prestations remarquées de Diane Lamarche, 41 ans, qualifiée de « future grande de sa génération » par un client, celles d’Audrey Bontemps, 43 ans, qui fait une entrée remarquée cette année dans le top 40, tout comme Cyril Deniaud, 44 ans, et Christophe Vinsonneau, 44 ans.

La force relative de la marque

La moyenne d’âge des avocats cités dans ce classement est, cette année, de 51 ans. C’est la première fois qu’elle baisse depuis la première édition de l’enquête, en 2021. Les principaux concernés sont les associés hommes dont l’âge moyen baisse à 51 ans (contre 53 ans l’année dernière). Il est à ce propos intéressant de montrer que cette tendance suit la même courbe que la moyenne d’âge des general counsels du CAC 40. Selon une enquête menée par le cabinet de recrutement Spencer Stuart en 2021, la dernière décennie a vu diminuer l’âge moyen du general counsel. En 2021, il était de 46 ans au sein du CAC 40, donc plus bas que la moyenne des indices européens qui est de 48 ans (FTSE 100 : 49 ans, BEL 20 : 48 ans)1

En tout, ce sont 40 cabinets d’avocats qui ont été cités dans cette enquête. Dans le classement final, les avocats sélectionnés sont issus de 23 d’entre eux. Sans surprise les structures les plus célèbres de la place de Paris en font partie, comme Bredin Prat avec 4 avocats cités dans le top 40, mais également Darrois Villey Maillot Brochier avec 2 associés répertoriés dont un nouvel entrant. Les firmes originaires d’outre-Atlantique 

sont, cette année, davantage citées que les britanniques avec 14 cabinets « américains » classés, contre 11 « anglais ». On notera dans cette édition l’ascension remarquée des associés de Clifford Chance, firme du magic circle, avec cinq avocats cités.

Les general counsels affirment cependant que la force de la marque d’un cabinet n’est pas un élément essentiel dans leur choix de recourir à un avocat. « Dire qu’on s’appelle Bredin ou Darrois ne suffit plus à fidéliser le client », lance un directeur juridique interrogé. « Parfois, le grand cabinet n’a de grand que le nom », poursuit un autre. Si la marque est parfois prise en compte, c’est principalement dans les juridictions qualifiées « d’exotiques ». « Je demande alors à mes avocats habituels de se porter garants du bureau local », est-il affirmé. Le choix est donc essentiellement intuitu personae. « Nos avocats doivent avoir une ouverture d’esprit sur les nouveaux sujets du droit et ne pas se reposer sur leurs acquis », témoigne un general counsel. Il poursuit : « Je fuis l’arrogance de certains avocats d’affaires qui oublient parfois leur mission première : conseiller et s’adapter aux souhaits du client ».

Repenser son approche à l’aune des nouveaux enjeux du droit

Le Medef avait tiré la sonnette d’alarme dans une enquête publiée en mars 2023 en dénonçant une forme de harcèlement textuel. Entre les textes français et européens, les entreprises doivent assimiler chaque mois 73 pages de nouvelles réglementations. Bien sûr les entreprises du CAC 40 disposent d’équipes juridiques internes très qualifiées, capables de s’adapter. « Mais nous courons toujours après le droit, témoigne un directeur juridique. Nous cherchons à nous entourer d’avocats capables de nous aider à toujours repenser notre approche à l’aune des nouveaux enjeux ». À titre d’exemple, Emmanuelle Barbara est citée en modèle. « Par-delà son expérience du droit social, elle a une grande ouverture d’esprit sur les sujets RSE, sustainability et gouvernance », a-t-il été commenté.

Si les questions de gouvernance et de lutte contre l’activisme avaient été au cœur des préoccupations des general counsels du CAC 40 en 2021, puis en 2022, l’enquête révèle cette année leur sensibilité quant au sujet du devoir de vigilance. C’est sans aucun doute ce qui explique la montée sur le podium d’Antonin Levy qui a obtenu, en février, la première décision judiciaire en application de la loi sur le devoir de vigilance pour le compte de TotalEnergies. Le juge des référés du tribunal judiciaire de Paris a déclaré irrecevables les demandes des ONG dans le litige les opposant au groupe pétrolier, concernant ses projets Tilenga et EACOP en Ouganda et en Tanzanie. Le gouvernement a même été appelé par le juge à préciser les contours du texte, considéré comme imprécis. Une deuxième affaire a été annoncée dans la foulée, concernant cette fois-ci BNP Paribas, qui a été assigné par trois ONG pour non-respect de cette loi française. Et celles-ci de prévenir qu’une série d’autres dossiers contentieux seront engagés dans les prochains mois. L’expertise, l’adaptabilité et l’innovation juridique des meilleurs avocats seront donc essentielles pour les groupes du CAC 40 face à un droit toujours en construction.

Les critères influençant le choix d’un avocat

Les directions juridiques du CAC 40 ont mis en place quelques critères pour sélectionner leurs avocats les plus proches. Sans surprise, le montant des honoraires demandés fait l’objet de leur première attention. Plusieurs d’entre eux, souvent eux-mêmes anciens avocats, reconnaissent cependant que
toutes les factures sont négociables. Et nombre
de groupes ont d’ailleurs mis en place des panels
de cabinets, dans lesquels les sujets de tarification sont préalablement abordés.

Les conditions de travail des équipes de collaborateurs sont également examinées avec attention par les clients. Force est donc de constater que les articles de la presse généraliste dénonçant les harcèlements moraux, voire sexuels au sein de quelques cabinets, sont scrupuleusement lus et suivis. « Il en va de notre propre devoir de vigilance », annonce un directeur juridique.

Les actions en faveur de l’égalité homme/femme au sein des cabinets sont, elles aussi, au cœur des préoccupations des clients. La plupart des dossiers de candidature aux panels des grands groupes intègrent d’ailleurs désormais la question. Les general counsels femmes y sont particulièrement attentives. Mais pas seulement.

Au cœur de l’innovation technologique

« Les directions juridiques sont plus innovantes que les cabinets, lance un peu provocateur un directeur juridique interrogé lors de cette enquête. Nous avons recours à des solutions digitales qui nous permettent d’être plus efficaces, et plus rapidement, pour des tâches répétitives ». Même si ces actions « répétitives » ne seraient, de toute façon, jamais sous-traitées à un cabinet – gestion budgétaire de l’externalisation oblige – les entreprises du CAC 40 sont pourtant en attente d’une offre technologique modernisée de la part de leurs avocats. Leurs expectatives portent essentiellement sur des logiciels de facturation, de suivi de dossiers, de mise à disposition d’information. Une innovation, somme toute, assez limitée dans les faits… Mais tous sont assez critiques sur le retard pris par la quasi-majorité des firmes et revendiquent cette modernisation des pratiques des avocats. « L’investissement dans les outils de digitalisation est révélateur de la capacité d’innovation du cabinet », est-il précisé par un répondant. Le cabinet Allen & Overy est remarqué comme s’étant « positionné de manière habile sur ces sujets ». Un directeur juridique qualifie leurs outils de « bluffants ». Un autre vante les mérites de Jean-Charles Simon, du cabinet français Simon Associés qui a « développé des outils RGPD sophistiqués et qui a mis en place une plateforme collaborative très efficace avec ses clients. Il a réussi à associer le droit et la tech ».

Le Top 10 des stars montantes

À côté du Top 40, 19 stars montantes ont été identifiées par le panel. Parmi eux, 11 hommes et 8 femmes. Pas moins de dix de ces avocats, 7 jeunes associés et 3 counsel, ont été mentionnés à plusieurs reprises et intègrent à ce titre le top 10 des stars montantes. C’est au sein des cabinets Cleary Gottlieb et Gide Loyrette Nouel que l’on remarque le plus grand vivier de talents.

On retrouve dans le classement de cette année 5 avocats cités en 2022, Léon del Forno, Alice Dunoyer de Segonzac, Myriam Epelbaum, Grégoire Etrillard et Charles de Reals. À leurs côtés, 4 jeunes associés et 1 counsel font leur entrée. Parmi eux, Jean-Benoît Demaret chez Bredin Prat reconnu comme un « key lawyer », Severine Schramek et Rodolphe Elineau chez Cleary Gottlieb, la première qualifiée de « superstar en devenir », le second prisé « pour son calme et son talent dans les négociations tendues », Julie Metois chez Allen & Overy appréciée pour « sa finesse, sa persévérance et sa connaissance très fine de la procédure permettant des avancées très marquante dans la défense » et Laura Castex chez Gide pour « son excellente compréhension du business, sa réactivité et son pragmatisme, incontournable sur l’ensemble de nos problématiques antitrust ».

Laura Castex,
associée, concurrence, Gide Loyrette Nouel.

Léon del Forno
associé, droit pénal, Temime Associés.

Jean-Benoît Demaret,
associé, fusions-acquisitions, Bredin Prat.

Alice Dunoyer de Segonzac,
counsel, droit pénal des affaires et compliance, Clifford Chance.

Rodolphe Elineau
 associé, corporate, Cleary Gottlieb.

Myriam Epelbaum,
counsel, corporate, Bredin Prat.

Grégoire Etrillard,
associé fondateur, droit pénal, Cabinet Etrillard.

Charles de Reals,
associé, fusions-acquisitions, Gide Loyrette Nouel.

Julie Metois,
counsel, contentieux, Allen & Overy.

Severine Schramek,
associée, concurrence, Cleary Gottlieb.