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Les avocats et juristes face au futur

Par Aurélia Granel

Wolters Kluwer vient de publier les résultats de son enquête annuelle sur les avocats et juristes face au futur. L’impact croissant de l’IA générative et des nouvelles technologies sur le secteur juridique est l’une des tendances les plus marquantes de cette 5e édition. Décryptage.

La technologie demeure un facteur ade différenciation essentiel pour l’amélioration des performances dans le secteur juridique et la pression liée à son utilisation augmente, notamment pour les cabinets d’avocats, selon la nouvelle édition de l’enquête menée auprès de 700 avocats et juristes européens et américains. La technologie s’étant fermement imposée dans la profession juridique, 87 % des sondés affirment qu’elle a amélioré leur travail quotidien. Si elle stimule la productivité et l’efficacité, optimise les process et réduit le risque d’érosion de la clientèle, seulement 46 % des intéressés estiment exploiter pleinement la technologie : 50 % sont dans une phase de transition et 4 % considèrent ne pas autant l’exploiter qu’ils le devraient. Ceux-ci admettent qu’ils pourraient davantage utiliser la technologie juridique pour répondre aux besoins des clients et gérer le volume et la complexité des informations.

Même si les professionnels du droit sont conscients de l’importance et des bénéfices de la technologie, certains freins à l’investissement subsistent. L’enquête révèle que le principal est d’ordre organisationnel (44 %), certaines structures ou entreprises étant trop attachées à des processus internes ou décisionnels lents. Le coût constitue également un obstacle, mais de moindre importance (10 %), ainsi que le manque de connaissances suffisantes de la technologie juridique (36 % en 2023, contre 48 % en 2022).

Malgré ces freins, la plupart des cabinets d’avocats et des directions juridiques (75 %) estiment être prêts à consentir les investissements stratégiques requis dans la technologie, tandis que plus de la moitié (58 %) prévoient d’investir davantage dans les années à venir, même s’ils sont moins nombreux qu’en 2022 (64 %).

Aller plus loin avec l’IA générative

Si l’IA a déjà un impact significatif sur la pratique des professionnels du droit, le développement de l’IA générative leur fera franchir une nouvelle étape lorsque la technologie sera arrivée à maturité. ChatGPT offre notamment un avant-goût prometteur de ce que réserve cette technologie et de la manière dont elle peut ouvrir de nouvelles possibilités de gains d’efficacité et d’approfondissement des connaissances. Alors que la start-up OpenAI vient de tenir sa première conférence de presse pour dévoiler ses nouvelles fonctionnalités, toujours plus incroyables, la plupart des sondés par Wolters Kluwer (68 %) se sentent préparés aux changements liés à l’IA générative et comprennent comment elle peut s’appliquer à leur travail (73 %). La majorité (77 %) pense qu’elle affectera, au cours des trois prochaines années, les domaines du big data et de l’analyse prédictive.

La plupart des professionnels du droit sont convaincus que l’IA générative modifiera leur travail, mais 73 % prévoient de l’intégrer dans leur quotidien dès l’année prochaine. Soulignons que la moitié des sondés (43 %) perçoit l’IA générative comme une opportunité et 25 % comme une menace. On notera que davantage d’avocats et de juristes aux Pays-Bas (65 %) semblent convaincus des bénéfices de cette technologie qu’aux États-Unis (46 %), en Belgique (38 %) et en France (20 %).

Générer de la valeur pour les clients
grâce à la technologie

La future généralisation de l’IA générative va incontestablement accroître l’exigence des clients sur le travail délivré par leurs avocats, ceux-ci attendant précisément que leurs professionnels leur apportent un contenu de qualité et à forte valeur ajoutée.

L’étude révèle d’ailleurs que les cabinets d’avocats continuent de subir la pression de leurs clients pour élargir leur investissement et leur utilisation de la technologie face à leurs exigences. Les directions juridiques exigent notamment que leurs avocats aient des connaissances techniques pour les aider à surmonter les complexités du monde numérique et considèrent l’utilisation de la technologie par leurs cabinets comme un critère d’évaluation, ce qui incite ces derniers à investir dans la technologie. Dès lors, près de la moitié des cabinets d’avocats (46 %) considèrent le recours à la technologie pour améliorer la productivité et l’efficacité comme une nécessité première pour répondre aux demandes des clients, ainsi que pour améliorer la collaboration et les processus de travail.

Comme l’érosion de la clientèle restera l’un des principaux défis du secteur juridique l’an prochain, exploiter la technologie pourrait donc constituer l’un des moyens, pour les cabinets, d’améliorer le service fourni, de promouvoir la satisfaction du client et de le fidéliser.