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Les avocats, des athlètes de haut niveau ?

Par Anne Portmann

L’Observatoire de la profession d’avocat vient de présenter sa deuxième étude typologique de la mandature, qui porte sur les cabinets d’avocats. À la veille des JO de Paris, elle procède au classement des types de cabinets en leur attribuant des caractéristiques sportives. Synthèse.

C’est un échantillon de 704 cabinets d’avocats qui a été interrogé, par téléphone, entre fin août et début septembre 2023. Ce sondage a été complété par une série d’entretiens réalisés à l’automne. Il classe les cabinets d’avocats en six catégories distinctes, à savoir les golfeurs (26 %), les volleyeurs (19 %), les équilibristes (15 %), les surfeurs (14 %), les triathlètes (13 %) et l’écurie de formule 1 (13 %). Les différents types sont détaillés dans l’étude et correspondent aux caractéristiques du cabinet. La précédente enquête sur les typologies s’attachait, elle, à définir les typologies individuelles. « La première question que nous nous sommes posée pour cette édition était de savoir ce qui constituait un cabinet d’avocats », explique Roy Spitz, président de l’Observatoire de la profession. L’équipe a finalement retenu la définition la plus large, incluant tous les types d’exercice en cabinet dans le panel, y compris les collaborateurs qui ont une clientèle personnelle. « La précédente étude relative aux cabinets, qui date d’il y a huit ans, se focalisait sur la taille des structures et non sur leur type », indique Roy Spitz.

Le retour de l’optimisme

À rebours des éditions précédentes, cette typologie fait état d’un fort optimisme de la profession. « Elle montre, davantage que la précédente étude sur la typologie individuelle, que les avocats sont très investis pour les intérêts de leurs clients et satisfaits du rapport vie professionnelle/vie privée dans les cabinets », détaille Roy Spitz. Les répondants voient même l’avenir d’un bon œil. Quelque 82 % sont optimistes pour celui de leur cabinet, 78 % pour leur futur professionnel, 70 % pour celui de leur barreau et 52 % pour leur profession. « Le point intéressant, c’est que plus on s’éloigne de la situation individuelle de chacun, moins on est optimiste », observe Roy Spitz, qui note toutefois que, s’agissant de l’avenir de la profession, le taux d’avocats optimistes a gagné 9 points supplémentaires par rapport à 2021, au sortir du Covid. « À une exception près, ce sont les scores les plus hauts depuis 2005 », se réjouit-il.

Les avocats semblent avoir identifié des plans de développement qu’ils considèrent comme des leviers de croissance, à savoir des stratégies commerciales, digitales, territoriales et sectorielles, qui permettent d’espérer une stabilisation, sinon une hausse du chiffre d’affaires, en dépit des problématiques structurelles que sont la paupérisation de la justice, les tensions sur le marché des avocats et la pression grandissante des clients.

Activités diverses

L’étude met en évidence la diversification des pratiques professionnelles, déjà effective ou envisagée, dans l’objectif de développer le cabinet. En tête des nouvelles activités, l’acte d’avocat, déjà pratiqué par 47 % des personnes interrogées, et la médiation que 34 % des avocats ont introduite dans leur pratique (+ 7 points par rapport au précédent sondage). L’e-acte arrive en troisième position avec 28 % qui le pratiquent déjà, mais il est en progression encore plus forte (+ 8 points). C’est la première des nouvelles pratiques envisagée par les répondants, avec 35 % des avocats qui déclarent avoir l’intention de le pratiquer. L’interprofessionnalité a, quant à elle, perdu 8 points, avec 16 % de personnes seulement qui la pratiquent, rattrapées sans doute par la réalité. Elle reste cependant envisagée par un tiers des répondants.

La conformité ou la compliance, pourtant présentée comme promise à un bel avenir, notamment du point de vue du barreau d’affaires, n’est en réalité pratiquée que par 13 % du panel, en fort recul (9 points) par rapport à la précédente étude. Une désaffection qui n’étonne pas Roy Spitz outre mesure. Il explique : « La conformité est une activité de niche et les avocats ne pratiquent pas ou n’ont pas conscience de faire de la conformité lorsqu’ils s’occupent des entreprises du quotidien, du garagiste ou des TPE ».

Les résultats de l’enquête révèlent en outre que les avocats délaissent d’autres activités qui avaient été considérées comme des vecteurs de développement et notamment la fiducie, pratiquée par à peine 2 % du panel, qui reste une activité de niche, ainsi que les activités commerciales accessoires dont seulement 4 % des avocats se sont emparés. Le lobbying demeure également une activité marginale, tout comme l’arbitrage. La procédure participative progresse en revanche de deux points pour ceux qui la pratiquent. Concomitamment avec les récentes annonces de la Chancellerie visant à promouvoir la culture de l’amiable, 34 % des sondés annoncent avoir l’intention de la pratiquer. D’ailleurs, l’étude révèle que la profession se montre plus encline à appréhender les modes alternatifs de règlement des conflits, et ce, en dépit de la crainte qu’ils ne servent de palliatifs aux problèmes structurels de la justice.