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« Les directions juridiques ne disposent pas d’outils IT appropriés »

Par Anne Portmann
Paru dans La Lettre des Juristes d'Affaires N°1334 du 22 janvier 2018

Jean-Marie Valentin, cofondateur du cabinet Sekri Valentin Zerrouk, raccrochera sa robe d’avocat en février prochain pour se lancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale. Il annonce le lancement de la Société Seville More Helory, société indépendante dédiée à la transformation numérique des fonctions juridiques des entreprises et des cabinets d’avocats, qui développe la solution « Legal Cluster ». Interview.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter la profession pour cette nouvelle aventure entrepreneuriale, alors que la réforme de la loi Macron permet désormais aux avocats de créer des sociétés commerciales ?


Il y a quelques années, nous avons lancé, au sein du cabinet, My SVZ, un outil qui permet aux entreprises de mettre en place un écosystème correspondant à leurs attentes en sélectionnant divers profils d’avocats selon leurs besoins et de créer des interactions avec tous les intervenants, en interne ou en externe. C’était une première expérience de transformation digitale.

Aujourd’hui, j’estime que l’enjeu de la digitalisation des fonctions juridiques ne peut pas être un enjeu de cabinet. Les entreprises veulent prendre en main leur transformation digitale et maitriser leurs outils. Elles ont besoin d’un véritable partenaire technologique de haut niveau et indépendant pour les y aider. Cet acteur n’existe pas. En l’espèce, face à l’ampleur des enjeux et à la qualité de l’équipe que je réunis autour de ce projet, je ne me voyais pas jouer avec les facilités offertes par la loi Macron.

Avocat et entrepreneur sont deux beaux métiers. Mais ce sont des métiers distincts, qui poursuivent d’autres enjeux, qui répondent à d’autres ressorts. L’avenir de la profession d’avocat est plus dans l’affirmation d’une vocation spécifique magnifique et plus que jamais nécessaire, que dans le brouillage des lignes. C’est en tout cas la vision qui gouverne mon choix. Nous avons donc souhaité rendre notre approche disponible sur le marché, pour la valeur qu’elle apporte sans qu’elle puisse être considérée comme le faux nez d’un cabinet d’avocats, aussi brillant soit-il.

En quoi consiste la solution Legal Cluster, que vous entendez développer ?


Les directions juridiques ne disposent pas d’outils IT appropriés. Les services financiers ont leurs ERP (Entreprise Ressource Planning), les services commerciaux marketing les CRM (Customer Relationship Management), les ressources humaines les SIRH (Système d’information de gestion des ressources humaines), mais pour les services juridiques, rien.

Pourtant, la fonction juridique est nodale, elle est au carrefour de beaucoup d’opérations réalisées quotidiennement par l’entreprise. Face à cette pénurie, les entreprises ont mis au point des solutions « maison », qui leur sont propres, mais ne sont pas intégrables dans d’autres entreprises. Notre idée est de proposer des standards, afin de permettre aux entreprises de se transformer et de déployer ces outils vers les opérationnels. Nous proposons par ailleurs de les connecter avec le reste du monde. Il s’agit en définitive d’une interface de base puissante, un « backbone » qui permettra de mobiliser toute la chaîne des acteurs participant au juridique pour assurer aux différents niveaux opérationnels d’accomplir leur mission dans le meilleur contexte juridique possible.

Pourquoi proposer cette solution maintenant, car d’autres s’y sont déjà cassé les dents ?


Nous sommes à un moment technologique particulier. D’une part parce que des enjeux juridiques transversaux sont en train d’émerger : les entreprises doivent désormais compter avec la compliance, le devoir de vigilance, le RGPD, la RSE, autant de sujets qui mêlent étroitement dimension opérationnelle et dimension juridique. D’autre part parce que nous assistons à un basculement massif vers Microsoft Office 365, qui conduit les entreprises à adopter, dans un même laps de temps, un outil très puissant, qui constitue une sorte de langage technologique, de standards communs.

La solution Legal Cluster est bâtie sur ce langage. C’est pourquoi nous travaillons avec Microsoft, qui ne nous finance pas, car nous voulons rester indépendants, mais met à notre disposition des moyens et des outils. L’utilisation de la technologie Microsoft est un gage de sécurité pour nos clients. Rappelons en outre que le marché du droit représente 160 milliards d’euros à l’échelle européenne et 24 milliards au niveau français. Nous estimons que la structure des coûts juridiques des entreprises est de 40 à 50 % en interne et 50 à 60 % en externe.

Comment se compose votre équipe ?


Nous avons débuté l’aventure avec une équipe très expérimentée.

Ghislain d’Aramon, cofondateur de Seville More Helory, a travaillé chez HSBC et assumé, à ce titre de nombreux programmes de transformation digitale.

Émilie Letocart-Calame, qui a été juriste au sein d’entreprises de services et de technologie est notre directrice juridique et des opérations.

Charline du Sorbier, directrice financière apporte son expertise en contrôle de gestion.

L’équipe est par ailleurs soutenue par Pierre Charreton, senior advisor, qui est aussi président d’honneur de l’AFJE. En 2018, l’équipe devrait être constituée d’une trentaine de personnes.

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