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Quelles seront les préoccupations des directeurs juridiques en 2019 ?

Par LA LETTRE DES JURISTES D'AFFAIRES
Paru dans La Lettre des Juristes d'Affaires n°1385 du 18 février 2019

L’association américaine ACC (Association of Corporate Counsel), vient de publier son sondage annuel, réalisé auprès de 1639 directeurs juridiques dans 55 pays, sur les défis auxquels seront confrontés les directeurs juridiques des grandes entreprises cette année. L’enquête confirme la montée en puissance, au sein de l’entreprise, des directions juridiques.

«L’ère du directeur juridique s’établit désormais sur des fondations solides ». C’est en ces termes que débute l’introduction au sondage réalisé par l’association américaine auprès des directeurs juridiques. Parmi ceux qui ont été sollicités, les répondants sont, exactement comme l’année dernière, majoritairement des hommes (à 63 %). Près de la moitié d’entre eux ont une ancienneté de moins de 5 ans dans la fonction et 19 % ont plus de 10 ans d’expérience. Les secteurs d’activité sont divers et bien représentés avec une majorité (18,4 %) issue de la fabrication. 6 répondants sur 10 sont américains et l’étude constate que d’année en année, ils sont de plus en plus issus de la génération X, au fur et à mesure du retrait des baby boomers. Ces derniers représentaient 33 % du panel l’année dernière et ne sont plus que 29 % cette année.

Pourcentage de directeurs juridiques qui reportent directement à la plus haute autorité de l’entreprise

Le sondage 2019 confirme l’assise des directeurs juridiques au sein de l’entreprise, déjà constatée en 2018. Selon Olivier Chaduteau, managing partner du cabinet de consulting DayOne, le langage employé dans l’étude pour désigner la fonction en témoigne. « On parle de plus en plus de CLO (Chief Legal Officer) plutôt que de GC (General Counsel). La marche vers le C-Level est désormais franchie. Cela se voit également en termes de hiérarchie puisque les CLO sont désormais rattachés au CEO à 78 % ». Corolaire de ce rattachement hiérarchique, les CLO sont de plus en plus impliqués dans la définition de la stratégie de celle-ci. Au niveau mondial, « 70 % d’entre eux déclarent participer aux prises de décisions business », constate Olivier Chaduteau. C’est 11 % de plus que l’an passé. Ils sont près de 82 % à le faire aux états-Unis et 73,9 % en Europe. L’Asie et le Canada sont à la traîne avec, respectivement, 66,8 % et 62,7%. Cette donnée varie également en fonction du secteur d’activité concernée. Les directeurs d’entreprises souhaitent par ailleurs développer, au sein de leurs équipes, des compétences non-juridiques. En tête de liste, on trouve notamment le leadership, la gestion des affaires et la communication, ainsi que la gestion de projet et bien sûr, l’analyse de données. Le nombre de directeurs juridiques s’attendant à une hausse de budget pour leur service, même s’il est en légère baisse par rapport à 2018 où il culminait à 56 %, reste tout de même important puisqu’il est de 45 %. Olivier Chaduteau souligne également le développement de la fonction « legal operations ». « C’est une tendance de fond que l’on constate sur tous les continents et qui permet de professionnaliser  davantage la fonction juridique, en aidant les juristes à se focaliser sur leur valeur ajoutée ».

Au-delà du juridique

L’intégration grandissante des directeurs juridiques au processus décisionnel global entraîne d’ailleurs une diversification des sujets qui les préoccupent. Avec des résultats parfois étonnants. Les évolutions réglementaires et politiques, qui venaient, l’an dernier, au premier rang des sujets dont traitent les DJ, occupent désormais la 3e place. Aujourd’hui, c’est la confidentialité des données clients et la protection des données de l’entreprise qui sont les questions les plus prégnantes, citées respectivement par 72 % et 68,6 % des répondants. Les questions d’éthique et de compliance sont citées à 59,8 %. Le sondage révèle également que les directeurs juridiques sont principalement sollicités par le comité exécutif de l’entreprise sur les questions de risques (30 %), sur la compliance (25 %) et sur la gouvernance (22 %). à la question plus générale posée aux DJ sur les facteurs qui influencent de manière significative l’organisation pour laquelle ils travaillent, la réponse est différente selon les régions du monde concernées. Alors que les DJ européens considèrent que leurs entreprises se focalisent surtout sur les nouvelles règlementations (50,8 %) les technologies disruptives (39 %), des fusions acquisitions (37,3 %) et des questions politiques (36,4 %), les américains d’abord sur les nouvelles réglementations également (38,4 %), mais en seconde ligne viennent immédiatement les questions de marque et de réputation (38,4 %). C’est d’ailleurs le premier sujet d’attention pour les canadiens (52,5 %) et pour les australiens (56,4). à l’autre bout du spectre, les questions environnementales semblent préoccuper davantage les entreprises de la zone asiatique (23,5 %) que celles de la zone Moyen-Orient et Afrique (4,7 %). D’autres données varient non pas en fonction de l’implantation de l’entreprise, mais en fonction de son importance. Le sondage révèle ainsi que plus le chiffre d’affaires est important, plus l’entreprise prend au sérieux la question des lanceurs d’alerte. 

Directeurs juridiques DÉCRYPTAGE Olivier Chaduteau LJA1385 ACC (Association of Corporate Counsel) Chief Legal Officer (CLO) General Counsel (GL)