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Choisir et organiser une activité de "teambuilding"

Par Anne Girard – Conseil en gestion de la croissance - anne@seenago.com

De plus en plus nombreux à organiser des activités de « teambuilding » pour leurs équipes, les cabinets d’avocats et les directions juridiques sont amenés à se poser la question de leur pertinence, de leur coût et, surtout, de leur succès auprès des collaborateurs. Il s’agit en effet d’éviter certains pièges et de faire les bons choix, d’organiser une activité de « cohésion d’équipe » qui s’inscrit dans une logique managériale claire.


 


1. Tenir compte du contexte

Rappelons tout d’abord que la cohésion d’une équipe ou d’un cabinet ne se décrète pas mais qu’elle se construit, au fil du temps et au quotidien. Ce ne sont pas quelques heures sur un bateau ou dans un parcours « accrobranche » qui règleront un manque de cohésion, bien au contraire. Il vaut parfois mieux un bon déjeuner ou dîner détendu tous les trois mois qu’un week-end rafting dans les gorges de l’Ardèche une fois tous les deux ans. Sauf dans certaines situations, comme, par exemple, l’arrivée de plusieurs nouveaux venus dans une équipe. Le contexte est donc à prendre en compte dans le choix de l’activité autant que dans l’organisation elle-même. N’oublions pas que certaines activités « teambuilding » empiètent sur la vie personnelle des collaborateurs. Pour éviter que ces activités soient vécues comme un «pensum» parce qu’y participer exige une organisation logistique sophistiquée sur le plan personnel, il est indispensable de prendre en compte ces paramètres et de préférer la qualité et la simplicité à la complexité ou au clinquant.


2. Choisir l'activité pertinente

Dès lors que l’on souhaite organiser une activité de « cohésion d’équipe », la nature de l’activité fait l’objet de débats souvent passionnés. On prêtera une attention prudente aux conseils des agences de communication spécialisées dans la vente de prestations « teambuilding » : celles-ci sont sans cesse en recherche de nouveauté, parfois au détriment de la pertinence ou de l’objectif. On a ainsi vu des agences proposer des animations de type « paintball » qui, plutôt que de favoriser la cohésion, permettent à certains de régler leurs comptes avec leurs collègues !
Attention également aux préférences de certains associés ou managers qui, champions de ski ou d’équitation, se proposent, généreusement, de faire découvrir leur passion à leurs équipes. Malheureusement, tous les sports ou les hobbies ne constituent pas des activités de « teambuilding » adaptées, parce que certains favorisent plus l’esprit de compétition et l’individualisme que l’esprit d’équipe.
Le choix de l’activité passe donc par un questionnement sur le sens managérial que l’on souhaite donner à l’activité. S’agit-il de faire connaissance ? D’appréhender la créativité en groupe ? De mieux comprendre les ressorts de la division et de l’organisation du travail ? De mieux communiquer au sein d’un collectif ? De partager une expérience forte pour apprendre à gérer le stress en équipe ? Quel que soit l’objectif, il est important de vérifier que l’activité sélectionnée réponde à celui-ci. Parmi les activités plébiscitées, on note celles qui  donnent l’occasion de faire une « expérience apprenante ». L’objectif secondaire de l’activité teambuilding est alors d’apprendre à plusieurs de nouvelles connaissances (par exemple l’œnologie) ou des compétences (par exemple la prise de parole en public).


3. Trouver le cadre adapté

Toutes les activités collectives ne conviennent pas à tout le monde. Certains sont fans de karting, d’autres préfèrent assister à un atelier sur la cuisine moléculaire. D’autres, encore, n’aiment tout simplement pas les activités « imposées » et préfèreraient aller faire du shopping en ville plutôt que de se joindre à la randonnée en montagne. Et, pourtant, s’il s’agit de souder un groupe à travers une activité, il est nécessaire que tous les membres du groupe participent. Logique… mais contraignant. La première contrainte est de trouver une activité qui soit praticable par tous. Récemment une équipe d’une vingtaine de personnes a été entraînée dans une « fausse » opération-commando avec parcours du combattant, etc. Plusieurs personnes ont eu du mal à suivre les activités, faute de condition physique suffisante. La cohésion du groupe s’en est trouvée mise à mal. Au-delà des goûts et capacités de chacun, il est également important que les organisateurs (associés ou managers) établissent clairement les règles du jeu, en amont, sur la participation à l’activité en question. Celle-ci peut être optionnelle ou pas. Mais le cadre doit être clairement posé et ne doit pas changer au fil du temps.


Enfin, si l’activité s’inscrit dans une perspective managériale avec des objectifs clairs, chacun en tirera un bénéfice accru s’il peut partager, après l’activité en question, ce qu’il a vécu et les enseignements qu’il tire de l’expérience. Malheureusement, cette étape, pourtant clé, de verbalisation et d’expression est trop souvent oubliée, rendant l’activité de cohésion de groupe anecdotique et finalement peu féconde. Ce qui est fort dommage lorsqu’on pense à l’investissement réalisé par le cabinet autant que par les personnes elles-mêmes.