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Les 1001 nuances du rôle de leader

Par Anne Girard
«Ce dirigeant n’assume pas son rôle. » ou encore « Pour devenir associé, il est temps de faire preuve de votre leadership ». « Un bon manager sait s’imposer quand il le faut. » Autant de remarques difficiles à entendre et devant lesquelles vous pouvez vous sentir démuni(e).
Or derrière la capacité d’influence se cache la capacité à endosser plusieurs rôles, en fonction de la situation, de son public et des objectifs poursuivis. Pour vous permettre de montrer vos qualités de leader dans votre cabinet ou votre entreprise, il est utile d’approfondir la question du rôle, de choisir quel sera votre rôle avant chacune de vos interventions en public – qui peut être composé de 1 à 10 000 personnes – et de jouer avec les différentes nuances que vous pourrez apporter.

1. Pour chaque situation en public, choisissez (ou clarifiez) le rôle que vous allez tenir
• Vous avez une identité professionnelle : avocat, dirigeant d’entreprise, DRH. Vous connaissez les missions, les tâches et les comportements qui vont avec cette identité et ce que l’on attend de vous. Mais selon les situations en public dans lesquelles vous vous trouvez, votre rôle peut varier. Un DRH, par exemple, pourra être dans le rôle d’animateur dans sa réunion d’équipe, de négociateur (pour le compte de l’entreprise) face aux représentants du personnel, et d’expert dans une table-ronde sur le temps de travail. Il reste DRH et selon les situations, il a un rôle spécifique à tenir, à jouer. Dans tous les cas, il devra démontrer une forme de leadership. Dans le cadre professionnel, vous vous trouvez plusieurs fois par jour dans des situations différentes dans lesquelles vous devez tenir des rôles spécifiques. Quelques exemples de rôles que vous pouvez être amenés à tenir : l’expert (ou le sachant), le « maître du temps » (ou Monsieur Loyal qui est garant des temps de parole et assurent les transitions entre plusieurs intervenants), le porte-parole (ou messager), le décideur, l’animateur, le facilitateur…
• Le rôle dont vous ne voulez pas : celui de la « potiche » ! Elle décore mais n’a pas de présence. Dans une réunion, si vous ne pouvez pas faire autrement, choisissez le rôle d’observateur. Contrairement aux idées reçues, c’est un vrai rôle actif qui vous donnera une intention et une présence et donc, de l’influence, sans avoir nécessairement besoin de parler.
• Pour ceux et celles qui aiment faire rire, n’oubliez pas que l’un des rôles les plus délicats à manier est celui du trublion ou du bouffon : l’humour est une arme à double tranchant qui peut vous faire perdre l’adhésion de votre public en quelques secondes et de façon définitive.
• Enfin, attention au contre-emploi involontaire. Si vous cherchez à montrer votre expertise à tout prix alors qu’on attend de vous de la synthèse et une prise de recul sur le problème, vous risquez de décevoir votre public ou vos interlocuteurs.
• Dans les situations complexes, veillez à bien choisir votre rôle en fonction des autres rôles portés par des co-intervenants, la partie adverse dans le cas d’une négociation etc.

2. Préparez-vous à incarner le rôle que vous avez choisi
• Votre rôle, c’est votre mission, votre axe, votre fil directeur. Votre rôle doit être tenu tout au long de votre intervention. Il vous donne une contenance et vous permet de résister à d’éventuelles tentatives de déstabilisation.
• Rappelez-vous que votre public doit savoir à qui il a affaire. Si vous vous annoncez comme négociateur mais que vous dites oui à tout et que vous ne posez aucune question, vous créez un décalage qui peut vous nuire.
• Pour tenir votre rôle, il y a des informations que vous devez savoir pour répondre aux questions. Il y a des codes à respecter, y compris vestimentaires et spatiaux (là où vous vous placez dans la salle ou sur la scène).
• Etre considéré comme un leader ne demande pas nécessairement une expression forte (la « grande gueule »). Parfois, la discrétion et le silence montrent votre capacité à peser dans une situation ou vont entraîner les autres derrière vos projets plus sûrement que des déclarations enflammées.
• Rester en retrait peut faire partie de votre rôle : vous préférez mettre vos collaborateurs en avant. Dans certaines cultures, le chef est le dernier à rentrer dans la salle et à prendre la parole.
• N’oubliez pas que l’efficacité et la qualité de votre prise de parole sont déconnectés de sa durée. Discourir pour rien, même de façon « brillante » peut se révéler contre-productif.

3. Entraînez-vous pour gagner en subtilité avec l’expérience et le recul
• Plus vous travaillerez votre rôle de façon consciente, plus vous gagnerez en efficacité et en capacité d’adaptation et d’improvisation. Toutes les situations en public sont autant d’opportunités de vous entraîner et d’être créatif dans l’interprétation de votre rôle.
• Ainsi, vous pourrez choisir de vous dévoiler progressivement face à votre public, lors d’une intervention ou lors du démarrage d’une nouvelle mission. Cela vous permettra aussi de travailler les nuances et de vous adapter plus finement à votre public.
• Au fur et à mesure, vous parviendrez non seulement à incarner pleinement le rôle que vous vous êtes choisi mais aussi à surprendre votre public en choisissant le décalage par rapport à ses attentes. En ayant confiance en vous, vous pourrez retourner des situations : là où on vous attendra dans la posture du sachant qui va faire un long discours, vous pourrez éventuellement structurer votre intervention sur un mode interactif avec un enchaînement de questions-réponses. Vos interlocuteurs s’en souviendront !

En conclusion, pour avoir de l’impact et du leadership, dans chaque situation, votre rôle doit être :
• Clair
• Simple
• Cohérent avec la situation et votre objectif
• Incarné

 

 
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