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Avocats et Legaltechs : utiliser la force de l’adversaire

Par LA LETTRE DES JURISTES D'AFFAIRES
Cet article a été publié dans LJA Le Mag n°50 septembre/octobre 2017
L’émergence disruptive des Legaltechs sur le marché du droit est très majoritairement abordée sous l’angle d’une concurrence frontale avec les avocats comme celle qui oppose les VTC aux taxis. Or, il semble que nous soyons dans un contexte bien différent.

D’une part, ces nouveaux acteurs du marché du droit n’interviennent – pour le moment – que sur une petite partie du marché de la prestation juridique. Thierry Wickers dans son enseignement « l’Avocat connecté » à l’EFB Paris ne manque pas de le souligner. D’autre part, ces Legaltechs pourraient s’avérer être une aide précieuse pour les avocats contraints de faire évoluer certains aspects de leur production, une aide qui pourrait même les aider à baisser leurs coûts de production !

La part standardisable de l’activité

Oublions les taxis et prenons l’exemple du domaine de l’habillement. En 2017, comment dépense-t-on son argent pour s’habiller ? Le schéma qui prévaut consiste à aller chez les géants mondiaux du fonctionnel / mode / pas cher (Zara, H& M, Uniqlo…) pour les vêtements de tous les jours et à posséder quelques pièces ou accessoires des grands noms du luxe (Dior, Gucci, Hermès…), synonymes de désirabilité et de statut.

La consommation de la prestation juridique a suivi le même chemin. Le client veut du standardisé / industrialisable / pas cher pour le quotidien et il est prêt à payer le sur-mesure et l’ultra luxe lorsque le contentieux ou l’opération est exceptionnelle.

Les Legaltechs se situent sur le terrain de la prestation industrialisable, standardisable ou au moins modélisable. En peu de temps, elles ont pris une avance considérable sur les avocats eux-mêmes dont ni les esprits, ni les structures d’exercice n’étaient tournés vers ces réflexions malgré les signaux d’alarme tirés depuis près de dix ans par Richard Susskind, notamment dans son ouvrage The End of Lawyers.

Nous en arrivons à une situation de fait accompli. Des acteurs qui, le plus souvent, ont combiné l’innovation (ou un savoir-faire) technologique avec l’aide apportée par des juristes ont levé des fonds auprès d’investisseurs. Il y aura des déçus et des éliminés mais de nombreux acteurs surnageront et les avocats devront composer avec leur présence.


 
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