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Avec Lampiris, Total se met au vert

Par Chloe Enkaoua
Le géant pétrolier Total a finalisé en octobre dernier le rachat de Lampiris, troisième fournisseur du marché résidentiel belge de gaz naturel et d’électricité verte, pour un montant de 180 millions d’euros. Une opération qui permet à Total de conquérir un peu plus le marché du gaz et de l’électricité en s’adressant désormais aux particuliers. Retour sur ce dossier avec Isabelle Salhorgne, directrice juridique de Total.

Quelles sont les raisons qui ont poussé Total à racheter Lampiris ?
Isabelle Salhorgne : L’acquisition de Lampiris, qui est un producteur et distributeur de gaz dit “vert”, s’inscrit dans le cadre du changement de stratégie du groupe Total. Nous avons en effet pris depuis quelque temps un virage important dans le domaine des énergies renouvelables, ce qui est une évolution logique car Total a indiqué vouloir être présent sur toute la chaîne de distribution de l’énergie. Par ailleurs, Total distribuait d’ores et déjà du gaz et de l’électricité en Europe mais uniquement à des industriels ; le rachat de Lampiris nous permet également d’étendre notre distribution d’énergie aux particuliers. Il vient donc clairement s’intégrer dans cette nouvelle stratégie qui vise à permettre à Total de se positionner sur tous les segments à l’aval de ses activités, et de distribuer l’énergie jusqu’à son consommateur final sous la forme la plus efficace possible.

Pourquoi ce changement de stratégie de la part de Total ?
I.S. : Nous avons compris et intégré dans notre stratégie les contraintes qui s’imposaient désormais à nous. On ne peut nier le réchauffement climatique et le fait qu’on ne pourra pas continuer ad vitam æternam à soutenir un développement uniquement basé sur les énergies fossiles. Total a donc pris le parti de transformer son modèle économique et de se focaliser sur le gaz, qui est l’une des énergies fossiles les plus propres, et de développer les énergies renouvelables, notamment le solaire. Une nouvelle branche dédiée à cette nouvelle stratégie de développement a d’ailleurs été créée. Certes, on ne pourra pas passer du fossile au tout renouvelable en 24 heures, et cela ne pourrait d’ailleurs pas satisfaire pour l’instant l’ensemble des besoins de la planète, mais nous assistons à une vraie révolution qui aboutira en temps voulu à un moindre poids du fossile dans le mix énergétique.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières au cours de cette opération ?
I.S. : Lampiris étant une jeune entreprise avec un actionnariat composé d’un certain nombre de personnes physiques, cela a engendré, en termes de négociation du contrat et d’alignement, des échanges différents de ceux que l’on a l’habitude d’avoir face à un institutionnel ou un autre grand groupe industriel, par exemple. D’autre part, le marché du gaz et de l’électricité étant très régulé en Europe, nous avions un certain nombre d’autorisations de concurrence à obtenir au préalable, notamment de la part de régulateurs belges. Mais nous avons pour ces différents aspects bénéficié de l’aide du cabinet Allen & Overy, qui fait partie de nos preferred law firms et dont les bureaux de Bruxelles et Paris se sont coordonnés très rapidement pour nous fournir l’assistance requise.
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