Connexion

Souffrance au travail : les magistrats au bord du gouffre

Par Laurence Garnerie
Le 19 février dernier, l'Union syndicale des magistrats (USM) a publié un rapport intitulé : Souffrance au travail des magistrats - État des lieux, état d'alerte .

Dans ce livre blanc, rédigé sur la base d'une centaine de témoignages de magistrats de métropole et d'outre-mer, le syndicat brosse le tableau d'une vie quotidienne douloureuse dans les juridictions : surcharge de travail, conditions d'exercice dégradées, sacrifice de la vie personnelle, exigences statistiques inconciliables avec un travail de qualité... Autant d'éléments pouvant conduire les magistrats à la dépression et au burn-out, malgré "un engagement professionnel immense" et un "attachement à la profession incontestable" .

Selon l'USM, ce mal-être trouve son origine dans trois grandes causes : le sous-effectif chronique, le management inadapté des chefs de cour et de juridiction, et une gestion défectueuse du corps par la direction des servies judiciaires.

Propositions

Pour remédier à cette situation, le syndicat demande donc à la Chancellerie de procéder :

- en urgence, à des recrutements visant à combler les postes vacants ;
- à une évaluation précise des besoins à plus long terme. "À ce titre, la reprise des travaux des groupes de travail sur la charge de travail des magistrats est indispensable, ainsi que la prise en compte de données qualitatives, plus que quantitatives comme critères d'évaluation des décisions" , précise l'USM ;
- au respect des droits des magistrats, notamment en termes de durée de temps de travail ;
- à la mise en place d'indicateurs de la qualité de vie au travail ;
- à une réelle formation, obligatoire, des chefs de juridictions au management et à l'évaluation des risques psychosociaux ;
- à la prise en compte des décisions des instances du dialogue social (notamment Assemblées générales, CHSCT-D) ;
- et la mise en œuvre concrète du plan d'action ministériel diffusé fin 2013, qui identifie six axes d’actions à mettre en œuvre dans les juridictions pour prévenir les risques psychosociaux.

Dans un communiqué publié le 20 février, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a annoncé que "J21, la réforme pour une Justice du 21e siècle, comporterait une volet important d'amélioration des conditions d'exercice des missions des magistrats et des fonctionnaires de justice" .

L.G.
magistrat USM Souffrance au travail